Chuuuuut !

Quoi de mieux que de se retrouver parmi les livres ? Sentir leur douce odeur ; un mélange de papier, de poussière et d’encre. Le silence qui règne et qui laisse reposer les méninges sur-stimulées par la vie tumultueuse de Weirdtown. Des tonnes et des tonnes de connaissance à portée de main. Si le paradis existait, ce serait une bibliothèque géante, pensais la petite hispanique. Ici, il y régnait le calme et la sérénité comme elle se l’imaginait au ciel. Elle se promenait alors d’allée en allée à la recherche de quelques ouvrages sur la biologie de quelques créatures que l’on pouvait retrouver à Weirdtown. La lycéenne avait pour projet de développer ses habilités scientifiques dans les laboratoires de la ville. Sa tutrice avait pour spécialité l’étude des créatures. Bien que l’esprit de Maria était trop terre-à-terre pour cette ville, elle se disait qu’elle devait tout de même étudier tous les phénomènes de près pour comprendre ce qui se passe dans cette maudite ville.

« Biologie du corps humain, les bienfaits de l’urinothérapie, comment savoir si je suis une grenouille… » Maria parcourait les différents ouvrages à la recherche de quelque chose en particulier. Elle voulait en apprendre davantage sur les personnes qui avaient cette faculté de changer de forme, d’apparence, de couleur, quoi que ce soit. Elle avait rencontré un dragon, aussi grands que les arbres, qui avait pu se transformer en petit oiseau, en un clignement de cils. Comment cela pouvait-il être possible ? La science avait prouvé que les éléments pouvaient certes, se transformer, mais ne pouvait pas se détruire ou se reconstruire. C’est-à-dire que dans une transformation, par exemple d’un était solide à liquide, il y avait la même quantité de matière, donc le même volume, et une masse similaire. Comment cet oiseau pouvait donc voler, s’il avait la même masse qu’un dragon ? Cela dépasse largement l’entendement.

Maria pensait pouvoir trouver une réponse, ici, dans la bibliothèque. Elle avait vu dans sa recherche un ouvrage intitulé Que se passe-t-il dans mon corps de métamorphe ?. Soit ce livre parlait de la phase adolescente de ces créatures et ne serait pas pertinent pour sa recherche, soit cela parlerait des liaisons chimique et autres principes scientifiques derrière les transformations que peuvent vivre certains individus. Pour le moment, c’était le seul livre qui avait la possibilité de lui fournir une réponse. Si seulement elle pouvait le trouver ! Selon le registre, il n’avait pas été emprunté.

L’adolescente regarda les autres livres qu’elle avait dans la main, elle pourrait au moins commencer par ceux-là. C’était des livres sur les loups-garous et les vampires. N’étaient-ils pas eut aussi des créatures qui se transformaient ? C’est un peu de reculons qu’elle alla s’installer à une table. Elle posa les livres devant elle et quelque chose attira son attention. Elle souleva son regard et plissa les yeux pour voir face à elle. Il y avait un jeune homme, concentré à lire. Elle ne l’avait jamais vu auparavant, mais elle pouvait reconnaitre que c’était un passionné de la lecture, comme elle. Mais, juste à côté de lui, il y avait le saint graal. Dans l’esprit de Maria, c’est comme si une lumière divine venait d’éclairer l’ouvrage. Elle remonta les lunettes sur son nez et lu sur la couverture « Que se passe-t-il dans mon corps de métamorphe ? Madre de Dio ! » chuchota-t-elle. Oui ! C’était bien ce qu’elle croyait.

Toutefois, est-ce que ce livre était dans la pile à lire à ce jeune homme ? Est-ce que c’était un ouvrage que quelqu’un avait lâchement abandonné sur la table au lieu de le remettre à sa place ?  Si c’était le cas, Oliver ne serait pas content. Il n’était pas aisé d’émettre une conclusion à ce questionnement, car la distance entre le livre et l’inconnu était dans une zone neutre. Il n’y avait qu’un moyen de savoir et cela ne plaisait pas plus que cela à Maria de déranger quelqu’un pendant sa lecture. Elle prit son courage à deux mains et se leva en direction de l’inconnu. Avant, elle replaça ses cheveux bouclés convenablement, d’un côté derrière son oreille, tira un peu sur ses vêtements pour enlever les quelques plis qui auraient pu se former et pris ses livres qu’elle serra contre sa poitrine. C’était une sorte de bouclier pour elle, et surtout pour éviter que quelqu’un le lui prenne en pensant qu’elle les avait délaissés.

Une fois rendu derrière l’inconnu, Maria tapota doucement sur l’épaule de celui-ci, en espérant qu’il ne sursaute pas. Lorsqu’il la regarda, elle lui fit un sourire doux et sincère, un peu naïf. Tout le monde présent dans la bibliothèque pouvait deviner à la teinte des joues rougies de Maria, la gêne qui l’enveloppait. Dio de madre, quand serait-elle à l’aise de parler tout simplement avec un garçon ? Le pire, c’est que si elle savait qu’elle était en train d’exposer un livre sur la lycanthropie à quelqu’un qui en était réellement atteint, elle voudrait disparaître dans le sol.

« lo pido disculpas, est… est-ce que tu as besoin de ce livre ? » dit-elle en pointant l’ouvrage solitaire.

Elle ne put s’empêcher de retenir un léger rire en voyant son interlocuteur bafouiller de la sorte. Maria ne se moquait pas de lui, elle trouvait cela charmant. À croire qu’il était aussi timide qu’elle, cela la rassurait et l’aidait à se détendre un peu. Pendant ces quelques secondes de silences qui s’installèrent, la scientifique en herbe observa des pieds à la tête, tel un scan médical, celui qui était assis en face d’elle. Habillement sans style particulier, un teint foncé… une main tremblante ? Elle pouvait comprendre sa timidité, mais sa nervosité était un mystère à élucider. Il faut savoir qu’avec Maria, aussitôt qu’elle se posait une question, elle se devait de trouver une réponse.

C’est donc délicatement qu’elle prit l’ouvrage et l’ajouta dans la pile qu’elle tenait avec ses bras. « Gracias », murmura-t-elle. Lorsque le jeune homme continua la conversation, elle en fut presque reconnaissante. Cela lui permettrait peut-être de comprendre.

Cependant, que pouvait-elle dire ? La jeune femme menait des expériences secrètes sur les mystères de la ville et si cela devait se faire savoir par l’un des boss ou pire, Goosebump, elle ne donnait pas cher de sa peau. Piensa Maria, piensa. Même les personnes qu’elle considérait comme sa famille ne savait pas tous les secrets qu’elle gardait, elle ne pouvait pas tout révéler d’un coup à un étranger.

« C’est pour… Un…. Devoir…. D’école. Oui ! C’est cela, un devoir d’école. » Elle soupira, comme elle était piètre menteuse ! « Notre professeur de biologie veut qu’on étudie des créatures de la ville, et j’ai choisi un sujet que je connaissais un peu. Je m’interroge sur la transformation, pourquoi les soirs de pleine lune, pourquoi en loup… »

Dieu du ciel Maria. S’il gobait ce mensonge, c’est que la chance était de ton côté. Ce n’est pas parce qu’elle mettait de plus en plus de détail inutile que cela serait plus facile à digérer. Elle se demandait même pourquoi cela pouvait intéresser son interlocuteur.

« Et toi, tu faisais également des recherches sur ce sujet ? » Dit finalement Maria qui trouva enfin cette échappatoire pour rediriger la conversation vers lui.