Weird Hour & BPM : Creepy Melodies [PV Loan]

Aussitôt arrivée au studio, Loan se fait couler un long café. Elle ne prend pas le temps de s'arrêter : il lui faut se préparer, relire ses notes, jeter un œil aux « outils » que l'on met spécialement à sa disposition aujourd'hui. Sur le chemin, elle se contente de saluer les quelques collègues déjà présents. Quelques foulées et croisements de couloirs plus tard, elle rejoint la cabine qui va, pour la matinée, faire office de lieu de travail. Exit sa plus petite salle d'enregistrement de l'autre côté du bâtiment : pour l'émission spéciale qu'elle s'apprête à tourner aujourd'hui, tout se passe dans la cabine d'Elliot Hopkins !

L'arrivée de l'animateur radio a l'effet d'un coup de pied donné dans une fourmilière. On abandonne à la va-vite un gobelet de café à moitié plein, on promet de reprendre le sujet du chien volant de la voisine à la pause midi et on retourne à son poste fissa.

Loan n'est pas stressée mais prétendre qu'elle est complètement sereine serait mentir. Elle a cette légère appréhension au creux du ventre. Faire du direct ne l'effraie pas, c'est un exercice auquel elle est rompue, mais partager le micro avec Elliot est une nouveauté. Elle n'a jamais eu l'occasion de travailler avec cette figure de la presse et de la radio, une figure respectée, si ce n'est parfois adulée et jalousée, par la majorité des personnes qui foulent la moquette du studio. Alors pour elle, c'est un honneur – et une sorte de défi qu'elle s'apprête à relever.

Incapable de faire taire sa curiosité et de garder la surprise pour plus tard, Loan est en train de jeter un œil aux instruments exotiques disposés dans la cabine quand Elliot fait son entrée. La jeune femme fait volte-face et adresse un grand sourire à son collègue.

« Et comment ! »

La perspective de cette émission a alimenté à la fois son imagination et son enthousiasme, si bien que, débordant d'énergie, elle en a difficilement fermé l’œil de la nuit.

Loan prend place autour du bureau. Elle attrape agilement la bouteille d'eau qu'on lui envoie et la dépose à côté de la console de contrôle, en compagnie de son gobelet de café vide.

« J'allais vous... Te poser la question. »

Cette sale manie de le vouvoyer alors qu'il lui a déjà dit que ce n'était pas la peine. C'est comme ça : elle ne peut s'en empêcher quand elle s'adresse à quelqu'un de plus vieux, d'autant plus quand c'est quelqu'un qu'elle respecte particulièrement.

« Je t'avoue que j'ai pas pu résister à jeter un œil à tout ça (elle ouvre le bras en direction des instruments, partitions et des diverses curiosités rassemblés autour d'eux). Comment t'as pu dégoter tout ça ? »

Il y a, parmi les instruments en leur actuelle possession, de véritables pépites, des curiosités dont l'histoire mérite d'être racontée. D'autres, toutefois, ne sont vraisemblablement que de simples imposteurs dont le seul mérite est d'être parvenu à entrer dans la légende : preuve en est avec cette certes très magnifique trompette noire mais somme toute banale. Loan en est presque déçue : elle qui s'attendait à un superbe spectacle de jazz improvisé...

« Peut-être qu'il s'agit du jazz tel qu'il est interprété en Enfer ? Qui sait, la vision d'une chose est tellement différente d'une personne à une autre... »

Loan est bien tentée de souffler dedans lorsqu'Elliot lui remet l'instrument mais elle décide de garder ça pour plus tard. La trompette a peut-être besoin d'un temps d'échauffement, qui sait ? Et si seulement fallait-il la flatter pour qu'elle daigne offrir à son porteur ce qu'il cherche ? Tant d'hypothèses à explorer ; et il ne s'agit là que d'un seul instrument parmi tous ceux qui attendent de révéler leur potentiel et leurs secrets... Ils n'auront définitivement jamais le temps de tous les traiter. Mieux vaut donc les choisir avec soin.

« J'en ai un, je crois. »

Elle s'empare d'un objet musical qui ne paie pas de mine au premier coup d’œil. C'est un « simple » conga dont le bois est orné, à proximité de la peau tendue sur le haut de l'instrument, de symboles que Loan ne saurait déchiffrer.

« Vérifions ce qu'on m'a dit, avant de commencer... »

La jeune femme prend une petite inspiration. Du plat de ses quatre doigts joints, les pouces en l'air, elle donne un petit coup sur l'extrémité de la peau et... contrairement à ce qu'on attend de lui, le conga n'émet pas un seul son distinct mais un roulement de quatre sons identiques.

« Wow, ça marche vraiment !... »

Loan lève le nez pour observer la réaction d'Elliot. Peut-être a-t-il déjà deviné comment l'instrument fonctionne mais si ce n'est pas le cas, elle le fait languir un peu. Le direct est prêt à être lancé mais elle laisse à son collègue l'honneur de faire l'ouverture et les présentations, puisqu'elle n'est là qu'à titre d'invitée !