Quelques minutes dans le futur { Prudence PetitpasVen 4 Aoû - 15:06
Il n'était pas rare que travers de ses périples, mes pieds me menèrent vers le quartier africain. Là, je prenais conscience de la chaleur et enlevais quelques couches de vêtements.
Maintenant que j'en avais l'habitude, je me contentais d'une simple chemise accompagnée d'un pantalon, j'y avais associé un manteau plutôt fin, il faisait doux par ici. Le poids de ma cacoche ralentissait quelque peu ma marche : il fallait dire que j'avais toujours été un homme précautionneux : elle contenait un petit encas, mais également un parapluie : je n'avais pas oublié ma précédente aventure qui m'avait amené dans ce quartier, une enquête sans précédent que je n'avais pas oublié.
Quelques années auparavant, alors que je n'étais qu'un fringuant policier, une histoire de vol m'avait conduit ici. À croire que la bande était solidement organisée, mes collègues avaient buté sur cette histoire et je m'étais retrouvé ici à chercher quelques indices et interroger des témoins pendant des heures et la pluie était soudainement tombée. Inutile de vous dire que ma surprise avait été totale, j'avais beau avoir trouvé rapidement un refuge, vu la durée de la pluie, j'avais été contraint de continuer mon travail sous cette averse. Je ne me souvenais plus du dénouement de cette vile énigme, mais ma condition si.
J'étais devenu un passant habituel du quartier africain ; s'ils ne me connaissaient pas, de visage, je reconnaissais la plupart des habitants d'ici, je me faufilais aussi plus facilement qu'avant dans ces ruelles étroites. Là, j'observais un chat faire sa toilette. Je me tenais à quelques mètres de lui, il était dans le chemin. Sa couleur noire me rappelait un précédent animal que je n'avais pas gardé, à moins qu'il n'ait été roux (je notai que parfois, les souvenirs disparaissaient de manière étrange de ma mémoire, mais c'était quelque chose auquel je ne faisais que peu attention).
J'évitais le chat sans un mot, ce n'était absolument pas mon genre que de m'accroupir et de passer un long moment à lui parler comme s'il n'était qu'un petit humain. Là, il fallait que je poursuive ma route, je savais ce qu'il y avait au bout.
Certains diraient que ce n'était qu'une sale habitude qui m'avait pris il y a quelques années, que je gaspillais mon argent et mon temps à aller voir quelqu'un qui me dirait des évidences. J'en étais parfaitement conscient, d'ailleurs, je n'y croyais qu'à moitié. J'avais conscience que lorsqu'on allumait de l'encens, ce n'était que pour endormir les sens, je riais à moitié en entendant certaines paroles, pourtant, j'y revenais. Je savais que Petitpas était voyante, mais elle avait également le don d'entendre dans les pensées des gens, c'était hallucinant. J'étais souvent prudent, mais pas assez, il m'arrivait souvent d'être confus.
Il fallait dire que c'était rassurant d'avoir une prise sur le futur. De la vous vous demander si vous vouliez connaître la vérité – et alors, vous preniez sa main, parfois, enfin je la prenais et j'approuvais, très ému. Je crois qu'il ne m'était arrivé de refuser que quelques fois, que j'étais d'humeur très passage, mais c'était il y avait longtemps. Depuis, j'étais toujours resté, toujours attentif.
Je ne savais pas pourquoi je venais aujourd'hui, même si j'essayais toujours de trouver une raison. Au fond, c'était sûrement pour combler quelque solitude qui devait peser sur mes épaules, la pensée de retrouver quelqu'un de familier, une bonne amie. Là, juste à sa porte, je toquais quelques petits coups avant de rentrer. Je m'assis tranquillement sur un fauteuil dans le sas d'entrée.