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(Comme un air de) DEJA-VU ! - Shadden RavengårdDim 3 Mar - 17:42
Prénom — Shadden dite « Shad »
Age — 31 ans
Métier ou activité — Garagiste
Origine & Nationalité — Nul ne le sait vraiment. Son nom laisse toutefois à penser qu'elle vient d'un pays nordique.
Langues parlées ou écrites maitrisées —
► Weirdtonien : parlé et écrit. Elle a cependant un petit accent qui trahit, davantage que ses origines, le fait qu'elle ne soit pas native de Weirdtown.
► Norvégien : elle le parle, l'écrit et le comprend extrêmement bien. Toutefois, ceux qui connaissent bien la langue se rendront compte que certains des mots qu'elle utilise et certaines des prononciations qu'elle emploie sont différents du norvégien « ordinaire », comme si elle possédait son propre dialecte.
► Allemand : quelques notions seulement, dont l'apprentissage a été facilité par le norvégien. Elle ne l'écrit en revanche pas (l'écriture n'est pas son truc de manière générale).
► Anglais : elle est plus douée à l'oral et à la compréhension qu'à l'écrit. Elle en fait une utilisation instinctive mais pas toujours juste, assez cependant pour être comprise du plus grand nombre.
Époque de votre personnage — Ce qui se rapproche le plus des temps modernes (21ème siècle).
Depuis combien de temps êtes vous à Weirdtown? — Cinq petites années qui se sont écoulées particulièrement vite.
De quoi avez-vous le plus peur? — De ce qui est fermé. Les portes et les fenêtres, tout particulièrement. La plupart des gens vous diront « n'oublie pas de fermer la porte derrière toi ! » Shad, elle, vous demandera de tout laisser ouvert, autant que possible.
Quel est votre plus grand regret? — Le fait de ne pas savoir être honnête, surtout envers elle-même. Elle regrette de « faire semblant », alors qu'on lui offre parfois l'opportunité de s'exprimer. Oui, mais avec quels mots ? Comment expliquer ce qui nous pèse lorsqu'on en ignore la source ?
Un objet auquel vous teniez? Pourquoi? — Un tour-de-cou auquel est suspendu, à l'aide d'une fine chaîne en argent, un grelot. Lorsqu'il tinte, sa mélodie est semblable à celle d'une magie éthérée, agréable, mystique. Elle le porte toujours, sans exception.
Êtes vous croyant? — Croyante oui, mais pas pratiquante. Les dieux qu'il lui arrive d'évoquer ne semblent pas être connus de tous, bien au contraire.
Que pensez-vous et quelle relation avez-vous avec les créatures ? Avec les humains ? — Créatures ou humains, Shad ne semble faire aucune différence. Après tout, n'est-elle pas un amalgame des deux ? Elle ne cherche pas particulièrement à sympathiser, ni avec les uns ni avec les autres. Ce sont tous des êtres vivants, oui. Et donc ?
Quartier caucasienCréatureInconscienteLambdaSortir
Ce ou cette Shad, d'ailleurs ? Difficile d'en avoir la certitude de prime abord, d'autant qu'elle se plaît à en jouer. Semer la confusion sur qui elle est et ce qu'elle est : tel a l'air d'être son objectif. Plus elle cultive le mystère autour de son personnage et mieux elle se porte, semble-t-il.
Mais alors Shad, pour quelqu'un qui ne l'a jamais vue, c'est qui (quoi) ? C'est, sans aucun doute là-dessus, une créature, curieux amalgame d'un être humain de petite taille et d'une chauve-souris.
De l'humain, Shad possède l'architecture globale : bipède, deux mains, deux jambes, un visage flanqué d'une paire d'yeux aux cernes profondes, d'un nez et d'une bouche. Les traits qui trahissent son hybridité sont des cheveux noirs tout en bataille, dont les moindres extrémités sont colorées en violet. Ils se prolongent en un petit duvet jusqu'entre ses omoplates. Évidemment, il y a ces minuscules-toutes-choupi-petites oreilles de chauve-souris mais aussi ces grands yeux aux courbes et aux lueurs mesquines, dont les sclérotiques noires mettent en exergue les iris violets. Chacun de ses bras est tatoué sur toute la longueur par des ailes de chauve-souris aux teintes mauves. Si l'on peut s'imaginer qu'il ne s'agit là que d'un choix purement cosmétique, détrompez-vous : ces tatouages ont toujours fait partie d'elle, pour une raison bien précise, au même titre que ses ongles griffus et ses crocs acérés.
Le comportement, les aptitudes et le rythme de vie de Shad sont dictés par les gênes de ses ancêtres chiroptères : plutôt flegmatique la journée, son activité est majoritairement nocturne. On est alors en droit de se demander à quel moment dort-elle ? La réponse est simple : le jour, par petites coupures, suspendue la tête à l'envers à une colonne de levage ou à une poutre dans son garage.
D'un point de vue vestimentaire, c'est là-aussi plutôt exotique : Shad mélange savamment des pièces semblant venir de temps anciens – corsets et capuchons aux couleurs délavées font partie de sa garde-robe – avec des éléments plus modernes, comme ces grosses grolles colorées dont elle prend particulièrement soin. On notera aussi le port d'un piercing labret.
Est-ce que le physique de Shad est évocateur de sa personnalité ? D'une certaine manière... oui, et non. C'est une personne difficile à cerner mais qui ne semble pas pour autant inaccessible, au contraire. Shad a toujours le mot pour rire. On l'aime – ou pas – pour ses taquineries et sa pratique chevronnée de l'autodérision. Une autodérision qui, lorsqu'on a l'occasion de creuser un peu, n'est pas si bénigne que ça. Derrière toute cette couche de joyeusetés et de blagues, Shad cache une certaine insécurité, une absence de confiance en soi et un cruel manque d'honnêteté. Cette façade, ce n'est pas vraiment elle mais en même temps : qui est-elle vraiment ? Dans une ville qu'elle sait ne pas être la sienne, Shad cherche encore son identité – passée ou à venir.
Une simple porte en bois vous fait face. Elle est tenue en étau par deux rails verticaux qui sauraient vous rappeler les dispositifs de Monstres et Compagnie. La porte en bois en elle-même est fine, pas très grande. Son extrémité haute est arrondie pour lui donner une forme d'arche. La peinture violette, plus de toute fraîcheur, est écaillée et a perdu de sa teinte. La poignée, faite d'un matériau léger, est toute ronde. Quand vous vous en saisissez, vous sentez qu'elle n'est plus très bien attachée à la porte. Elle grince lorsque vous la tournez.
La porte s'ouvre vers l'intérieur et vous avez alors l'impression de basculer vers l'avant à mesure que vous la poussez. Vous tombez dans le vide, littéralement, puis dans ce qui semble être de l'eau. Vous n'êtes pourtant pas mouillé et vous n'avez pas froid. Lorsque vous prenez le temps de regarder autour de vous, vous découvrez que vous êtes dans une sorte de gigantesque lac ; un plan en 2D dans lequel vous vous déplacez à la nage... ou en volant, vous ne savez pas trop. Ici et là, vous voyez des éclats briller puis disparaître, comme tant de petits poissons surpris par votre arrivée. Mais ce n'est pas seulement ça : vous voyez comme des scènes de la vie de tous les jours dans des « flaques » éphémères. Les visages sont brouillés, les voix diluées, impossible de tout comprendre. Avec un peu de chance, vous croiserez une autre âme égarée dans le Plan Miroir. Avec encore plus de chance, vous trouverez une autre porte.
Que ressent-on quand on vient dans votre espace personnel ? Que ressentez-vous ? — Au départ, une sensation de petitesse et de vide. On se sent minuscule, insignifiant dans ce lac de reflets défiant toutes les lois de la gravité et de la normalité. Ce monde vous extirpe de votre zone de confort et vous interroge sur votre perception de l'espace et du temps. Puis petit à petit, on se laisse submerger. Le calme de cette dimension et sa myriade d'éclats apaisent l'âme ; on se retrouve avec soi-même...
Comment êtes -vous dans le mindscape ? — Dans le mindscape, Shad ressemble à ce qu'elle était avant d'arriver à Weirdtown, ce qui ne fait pas grande différence avec son apparence actuelle. Les principaux changements concernent la couleur de ses cheveux, laissés naturels, et les vêtements qu'elle porte, plus quelconques. Plus classique donc mais plus réservée aussi, car avant d'être cette garagiste loufoque que tout weirdtownie se déplaçant en véhicule connaît, Shad était une femme relativement introvertie ; une femme de peu de mots mais au physique très expressif. Dans le mindscape, l'absence de souvenirs couplé à cette apparence plus fragile lui donne cet aspect hésitant, presque déphasé.
Êtes-vous déjà venu dans le mindscape ? — Elle y serait passée à son arrivée à Weirdtown, après qu'on l'a trouvée dans son véhicule accidenté aux frontières de la ville.
De quoi vous souvenez-vous par rapport à votre ancienne vie ? — Du froid, de la neige et des montagnes ; une atmosphère paradoxalement chaleureuse, qui lui procure parfois une sensation de manque.
Quel est le souvenir de votre ancienne vie qui vous est le plus précieux ? — Un rire d'enfant, cristallin, débordant d'une pure forme d'innocence.
Quel est le plus grand sentiment négatif qui a précipité la perte de votre mémoire ? — La douleur. Pas celle que l'on ressent physiquement, mais cette douleur viscérale qui s'insinue insidieusement dans votre esprit, dans vos souvenirs et dans votre cœur pour être sûre d'y garder à jamais une place de choix.
« Regarde Shad ! Je t'avais dit que c'était la MEILLEURE COULEUR ! »
La petite fille accompagne sa déclaration d'un geste victorieux des bras. Par mégarde, elle heurte le petit arbre magique qu'elle vient d'attacher au rétroviseur central de la voiture. Son mouvement de balancier diffuse dans l'habitacle une odeur très prononcée de vanille mais Shad ne l'arrête pas pour autant. La fascination dont Chloetta fait preuve face à un objet si anodin provoque son propre émerveillement. Les enfants ont cette force-là, celle de transformer un tout petit rien en quelque chose d'extraordinaire.
Chloetta a transformé sa misérable petite vie en quelque chose d'extraordinaire.
◄►
« Baisse la tête, monstre ! »
L'ordre est accompagné d'une puissante tape puis d'une pression exercée sur le haut de son crâne. Demie-portion face à la haute stature du gardien, Shadden n'a d'autre choix que de s'exécuter. Elle garde la tête bien basse, les yeux rivés sur ses chaussures usées. Ça ne l'empêche pas de sentir le regard de sa voisine à ses côtés. Elles ne prennent pas le risque de se parler mais la présence de l'une réconforte l'autre.
Leur lien ne passe pas inaperçu. Il est fait de peu de mots et d'encore moins de démonstrations affectives mais il est palpable, évident. Le simple fait qu'elles ne soient jamais loin l'une de l'autre en est une preuve suffisante.
Et les liens sont mauvais pour les limiers.
On les pousse à s'affronter. Pas à mort, « nous ne sommes pas des monstres », attestent leurs formateurs avec un rire narquois. On ne leur dit pourtant pas ce qu'il adviendra de l'autre. Face à Ati, plus grande, plus expérimentée, mieux constituée, Shadden n'a littéralement aucune chance. C'est pourtant elle qui gagne. Ati a perdu : pas sur le plan physique, mais psychologique. Elle l'a laissée gagner. Elle a fait preuve de faiblesse.
On récupère ce qu'il y a à récupérer d'Ati. On remodèle Shad à l'image de ses forces. Pur produit d'expérimentation, le visage, le corps, la composition même de Shadden se modifie, s'adapte, se renforce.
Il est trop tard lorsqu'elle découvre qu'elle est faite d'une partie du patrimoine de ses camarades. Qu'elle n'a pas d'identité propre, mais qu'elle n'est qu'un amalgame de créatures mises au point dans un seul but : devenir un outil redoutable à la botte du gouvernement. Un outil qui leur permettra d'acquérir les connaissances, de se défendre contre les intrusions et à l'inverse de s'introduire là où aucun agent n'a encore su se rendre.
Le plus fort est resté.
Le reste a brûlé. Sans exception.
◄►
« … Shaddie ? Shad ? Eh ! »
Shad reprend ses esprits dans un sursaut. À sa droite, Chloetta, assise sur le siège passager, l'observe avec deux grands yeux étonnés. À sa gauche, par la portière entrouverte, une nouvelle figure a fait son apparition. C'est une jeune femme au regard inquiet. Inclinée près d'elle, ses cheveux blonds en cascade viennent lui chatouiller la joue. Le contact lui fait réaliser que Chloetta est agrippée à son bras droit. Depuis combien de temps ?
« Désolée, je me suis égarée. »
Shad sent les émeraudes de sa compagne la sonder. En croisant son regard, elle comprend immédiatement que sa préoccupation ne se limite pas seulement à ses divagations. Sixième sens, sensibilité spirituelle, appelez cela comme vous voulez : Shad a conscience que quelque chose ne tourne pas rond. Ce qu'elle perçoit comme étant l'aura de sa compagne est instable, vibrante d'une énergie négative.
« Yusa ? »
L'intéressée reprend vaguement contenance. Un sourire s'inscrit sur son visage. Shad n'y croit pas une seule seconde : c'est une pure façade, ébréchée qui plus est. Suffisante toutefois pour convaincre Chloetta que leur petite routine n'est pas en danger et que la Terre continue de tourner à son rythme.
« Allez, vous avez eu votre dose de vroum-vroum pour aujourd'hui ! Le repas est bientôt prêt. Tu vas mettre la table, Chloetta ? »
La petite saute du siège passager sans émettre la moindre protestation. Elle accourt en direction de la porte du garage derrière laquelle elle disparaît. Brave gamine, a le temps de penser Shad.
« Ils sont là, Shad. »
Sueur froide. Les oreilles de l'hybride vibrent d'effroi.
« Tu en es certaine ?
- Sûre. Une patrouille, deux véhicules au moins.
- Ils t'ont suivie ?
- Non, j'ai fait un détour. Je crois pas qu'ils nous aient encore localisées.
- Bordel de merde... »
Un ange passe. Les mains de Shad, crispées sur le volant, ne parviennent pas à s'en détacher. Lorsque Yusawa vient doucement appuyer sa tête contre son épaule, l'hybride sent son cœur étouffer, l'espace d'une seconde ou deux. Elle sait ce que ce geste signifie. Et il lui donne la force de faire le nécessaire.
Sa main droite quitte le volant. Ses doigts pincent la clé déjà sur le contact et lui font faire une rotation. Le tableau de bord s'illumine d'une série de symboles.
« Shad... Qu'est-ce que tu fais ?
- Je vais les éloigner.
- Quoi ?
- Il ne faut pas qu'ils me trouvent ici.
- Quoi, non-- »
Yusawa interrompt sa phrase sans que son interlocutrice n'ait besoin de le faire pour elle. Du moins, verbalement : le regard – ce regard – qu'elle braque sur elle se suffit à lui-même. Et bien que cela lui coûte de le faire, elle s'extirpe de l'habitacle pour laisser Shad faire ce qui doit être fait. Pour la laisser s'en aller.
« Je reviendrai, c'est promis.
- T'as plutôt intérêt... »
Chaque geste qui la sépare un peu plus de sa famille est comme un coup reçu en pleine poitrine. Fermer la portière. Démarrer la voiture. Déployer la porte du garage. Les premiers tours de roues sont les pires, elle à qui cela procure pourtant habituellement une grande sensation d'euphorie et de liberté.
La liberté... C'est justement ce qu'elle tient à conserver. Ça, et ne pas impliquer sa famille outre mesure.
Shad n'ose pas regarder dans son rétroviseur. Elle sait pertinemment que Yusawa la regarde partir depuis le garage. Elle devine que Chloetta, alertée par le vrombissement du véhicule, s'est jetée sur l'une des fenêtres. Elle doit sûrement se demander ce qu'elle fait. Yusawa trouvera une excuse, elle lui fait confiance. Elle est allée chercher le pain, oui.
Le froid se fait de plus en plus mordant à mesure que son foyer s'éloigne et s'éteint dans l'obscurité, derrière elle. La neige pour seule compagnie, Shad adapte son allure. Pas trop rapide, pas trop lente. Il n'est pas question de se flanquer au talus toute seule mais il est encore moins question de se faire attraper. Hors de question qu'elle redevienne leur limier, leur arme.
Soudain, voilà qu'elle n'est plus seule. Des phares éblouissent ses rétroviseurs de plus en plus intensément. On la colle. Heureusement pour elle, la route est étroite : aucun moyen pour les véhicules derrière elle de la doubler en toute sécurité. Elle en joue. Gauche, droite, lentement, pour ne pas glisser. Derrière, les conducteurs font de même.
Jusqu'à ce qu'elle sente un choc à l'arrière. Son véhicule perd légèrement de l'adhérence mais ce serait insulter ses talents de pilote que de prétendre que cela suffira à l'arrêter. Elle accélère. Tant pis pour le danger.
Shad comprend qu'il lui faudra s'éloigner davantage. Qu'il lui faudra prendre plus de risques pour leur échapper. Quant à eux, ils ont aussi compris à qui ils avaient affaire. Ils ont compris qu'ils l'avaient enfin retrouvée. Retrouvés, les millions de billets investis. Rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir autant de valeur.
En contrebas, à quelques épingles de sa position, Shad distingue d'autres véhicules en approche. Gros quatre-quatre, équipés pour le climat impitoyable des montagnes nordiques. Sa propre voiture est taillée pour la vitesse, pas pour un face à face avec des monstres surélevés. Mais quel choix a-t-elle ? Elle accélère.
Le coup de volant est brusque. Il lui permet de changer de trajectoire sans que ses poursuivants n'aient le temps de riposter mais à présent, elle ne peut que s'en remettre au destin. Tout est devenu hors de contrôle dès lors qu'elle a pris la décision de se jeter dans le vide.
Ce soir-là, sous le regard médusé des agents fédéraux à sa poursuite, Shad apprend à voler.
Est-ce là le vrai sens de la liberté ?
« … Shad ? Ohé, Shad ?! »
La première chose qui apparaît dans le champ de vision de Shad en ouvrant les yeux est un gars un peu barbu, plutôt costaud. Elle le voit complètement à l'envers – comme le reste de la pièce, à vrai dire. Dans un étirement nonchalant, Shad retrouve le plancher des vaches et une vision plus conventionnelle de l'espace.
« T'as changé la soupape comme je t'ai demandé ?
- Ouaip m'sieur.
- Essayé ?
- Ça claque pu. C'est bon signe, nan ? »
Shad adresse un grand sourire à son interlocuteur. Il soupire, tend la main. Sa vaste paume lui écrase le visage. Il lui secoue vaguement la tête avant de la relâcher.
« Bon travail, biscotte.
- J't'avais dit que t'étais bon pour la retraite, papy. »
« Papy » tique à cette petite pique. Shad n'en montre rien mais ça l'étonne. D'habitude, il n'en prend pas ombrage. Qu'est-ce qui a changé ? L'hybride n'aime pas beaucoup l'atmosphère lourde qui pèse sur le garage aujourd'hui. Elle remue une oreille, se la cure du bout de l'auriculaire ; une façon d'exprimer son inquiétude sans montrer qu'il s'agit de ça. Elle suit son patron dans la petite salle de repos au fond du garage.
« Bon, je crois que je trouverai pas de meilleure façon de te le dire, alors... »
Il lui flanque un café entre les mains.
« T'aimes pas le café ? qu'elle réplique en louchant sur le gobelet, histoire de détendre l'atmosphère.
- Oh, moi si, mon corps, beaucoup moins. Mais c'est pas le propos, andouille de petites oreilles.
- Alors quoi ? »
Il inspire profondément.
« Le garage est à toi.
- Tu dis ça parce que j'y dors, ou ?...
- Je veux dire : il est à toi, maintenant. Je prends ma retraite, biscotte. »
Shad cherche quelque chose à répliquer, une connerie comme elle en a tant dans sa besace. Rien ne lui vient, à part un petit rire nerveux.
« Haha... Attends, quoi ?
- Tu fais du super travail. Les gens sont contents de c'que tu fais. Que de bons échos. Même si tu devrais éviter de dormir les portes ouvertes, tu sais, on sait jamais...
- C'est Weirdtown, tu crois vraiment que quelqu'un viendrait... »
Elle repense brutalement à Nasu et son étonnant appétit pour les pneus tout neuf.
« … Ouaiiis d'accord. »
Elle se sent con, à ne pas savoir quoi lui répondre. Elle pourrait juste lui dire « merci » mais même ça, ça ne sort pas. Elle continue de suivre du regard les volutes de fumée qui s'échappent du café. Son patron se met à rire. Après trois ans à la côtoyer tous les jours, il commence à comprendre comment elle fonctionne. Il lui flanque une grande accolade sur l'épaule, ce qui vaut à Shad d'être déséquilibrée et au café de s'échapper en grande partie de son conteneur. « Weee », l'entend-t-elle presque s'esclaffer.
« T'inquiète, je vais pas partir du jour au lendemain. J'ai encore deux-trois trucs à t'apprendre. De l'administratif, entre autres.
- Bwaaah... Rassure-moi, j'aurais pas affaire à Goosebump ? »
Il grimace.
« Ça, j'peux pas te le garantir, biscotte. »
► Paradoxalement, elle est d'une grande précision dans ses gestes et est dotée d'une capacité de repérage dans l'espace exceptionnellement bonne.
► Shad est sensible à ce qui l'entoure, comme si un sixième sens l'aidait à ressentir les troubles et les changements environnants.
► Les tatouages que Shad porte à ses bras sont en réalité de véritables ailes qui adhèrent à sa peau comme un patch. Shad ne peut pas les invoquer à la seule force de sa volonté : elles semblent mues par l'instinct, en particulier l'instinct de survie et de protection. Déployées, ses ailes sont utilisables pour un temps très limité, en général jusqu'à être hors de portée de l'événement qui a provoqué leur transformation.
► Shad peut se servir de ses griffes et de ses crocs pour se défendre mais elle préfère passer par des moyens plus ordinaires et civilisés... idéalement.
► Certains habitants – en particulier les plus jeunes – la prennent pour un vampire alors qu'elle ne bouffe même pas de viande.
► Bing Bang : Shad ne connaît pas son existence. Il y a des rumeurs qui circulent au sujet de son apparition mais elle n'y croit pas.
► Mchawi : à l'instar de Bing Bang, Shad a entendu des légendes à son sujet mais elle ne s'y est jamais vraiment intéressée. Elle croit en revanche davantage à son existence qu'à celle de Bing Bang.
► El Coco : à la fois terrifiée et fascinée par ce Boss, elle espère secrètement pouvoir le voir à l’œuvre une nuit pour élucider le mystère de l'effroi qu'il inspire à la population. Qui sait, El Coco se contente peut-être seulement de faire la tournée des bars ?
► Goosebump : Shad s'en tient le plus loin possible. Elle ne l'aime pas beaucoup. Pas parce qu'elle n'apprécie pas ce qu'elle est (encore que) mais parce qu'elle la met mal à l'aise. Elle a l'impression que Goosebump est capable de la sonder et cette idée la dérange. Est-il possible qu'elle la connaisse mieux qu'elle-même ?
► Onichan : Shad l'a déjà croisé et a simplement pensé que c'était un banal habitant. Enfin, c'est ce qu'elle croit : quelqu'un qui lui ressemblait beaucoup est déjà venu dans son garage pour un dépannage, en tout cas...
Voudriez-vous faire partie d'un groupe secondaire? — Nope !
Aimeriez-vous avoir un lien avec un PNJ? Si oui, lequel? —
► Elmer, le jeune parasité, Shinichi, le gamin sans apparence et @Collins Samantha : elle n'a rien contre eux mais leur présence la rend nerveuse. Elle n'arrive pas à mettre le doigt sur le « pourquoi ».
► Le Percepteur : une rivalité tout à fait personnelle s'est éveillée en Shad lorsque le Percepteur a fait son apparition à Weirdtown. Est-ce simplement son instinct de chasseuse nocturne, ou autre chose ?
► Nasu : ce con a déjà bouffé une pile de pneus ! Ça coûte cher, qu'est-ce que vous croyez ?!
► Baveal : Shad n'est pas pratiquante mais sa foi envers des dieux méconnus lui vaut la curiosité de la Grande Prêtresse.
Avez-vous des liens avec qui que ce soit ? Des personnages de membre ou même simplement inventé par vos soins ? Précisez s'ils se trouvent à Weirdtown et si vous vous souvenez d'eux. — Les liens les plus étroits que Shad ait tissé avec quelqu'un sont Yusawa, sa femme et Chloetta, sa fille adoptive, qui ne se trouvent pas à Weirdtown. Elle se souvient d'elles comme de présences amicales et apaisantes, mais elle n'a plus aucune fichue idée de ce qui les relie à elle.
