Alors, qu'est-ce que tu racontes ?Sam 8 Avr - 15:05
Alors, qu'est-ce que tu racontes ?
★ Feat Loan Walker
Hey Kheír.
Quoi encore ?
Il est presque 20 heures, tu vas être en retard si tu ne te bouges pas un peu.
En retard ?... D’un coup, une illumination. C’est ce soir que Loan et moi nous étions données rendez-vous au bar à tapas. Nous n’avons pas réussi à nous voir depuis plus d’un mois, l’une comme l’autre prise par nos obligations personnelles, et c’est après avoir forcé nos emplois du temps respectifs que cette date a enfin pu être trouvée. Lâchant tout ce que j’étais en train de faire et rangeant à la hâte cahiers et ordinateur dans mon sac-à-dos, je sors de mon bureau en quatrième vitesse.
Je ne supporte pas d’être en retard. Que les autres le soit ne me gêne absolument pas, mais en ce qui me concerne je n’aime pas les faire attendre. Je dévale les escaliers quatre-à-quatre, manquant d’en rater une. J’ai 30 minutes pour faire un trajet qui m’en prend 40 d’ordinaire. Difficile, mais pas impossible. Après avoir marché à une allure plus rapide que d’habitude jusqu’au métro, je prends le temps de me poser sur un siège dans la boîte de ferraille. Je refais mentalement le trajet qui me sépare de la bouche de métro du quartier hispanique jusqu’au bar à tapas, bien que j’aie déjà eu l’occasion de m’y rendre à plusieurs reprises. Mais cela fait déjà longtemps que j’ai appris à ne pas me fier à mes souvenirs et à mon sens de l’orientation. Le trajet me paraît plus long qu’en temps normal, probablement parce que je n’ai pas pris le temps de mettre mes écouteurs en sortant du laboratoire. Mes yeux passent inconsciemment d’un usager à l’autre, s’attardant un peu trop longtemps sur chacun d’entre eux, et je finis par les baisser, gênée, lorsqu’un homme bedonnant d’âge mûr croise mon regard. Il va falloir que je fasse quelque chose contre cette mauvaise habitude.
Le métro s’arrête enfin à mon arrêt, je saisis mon sac et reprends mon rythme de course. C’est bien pour cela que je préfère prendre de l’avance. Courir, très peu pour moi. Mais tout est toujours préférable au retard. Et forte de cette doctrine, j’arrive au bar à tapas avec 2 minutes d’avance. J’entre en soufflant, consciente d’avoir les joues rougies par l’effort. Vraiment, courir, ce n’est pas fait pour moi.
Un jeune homme d’une vingtaine d’année s’approche de moi, un sourire amical aux lèvres, et commence à me parler en espagnol. C’est bien ma veine. Je ne comprends rien à l’espagnol. Mon regard parcourt l’intérieur du bar, sans voir la moindre trace de Loan. Elle ne semblait pas non plus se trouver sur la terrasse. D’un geste de la main, je montre 2 doigts au serveur. Il me répond d’un ton jovial, toujours en espagnol, et m’indique une table de deux couverts à l’extérieur, dans un coin ombragé. Alors que je m’installe, il me demande ce que je suppose être ma commande. D’un geste, je lui fais comprendre que je préfère attendre que mon amie me rejoigne. Il finit alors par s’éloigner, me laissant me remettre de ma course. Un petit vent commence à rafraîchir l’air chaud et lourd du quartier hispanique. Quoi de mieux qu’un verre en terrasse pour se raconter les derniers potins. Je tourne la tête vers la place, observant les passants, attendant l’arrivée de Loan. Au bout de 5 petites minutes, j’aperçois sa silhouette se dessiner. Je lève alors le bras, un sourire aux lèvres, espérant qu’elle m’ait vue également.
Lorsque Loan et moi sommes réunies, la soirée peut durer jusqu’au bout de la nuit.