virée collaborative | ft. Xiao

Virée collaborative

Eh pss, c'est la suite de Coopération, en 2010.

Oui, ils feraient mieux de se rendre sur place. Même à cette heure si tardive.

Les deux agents se lèvent de leurs chaises, emportant avec eux le dossier de leur enquête. Samantha suit l'officier jusqu'à sa voiture, qu’elle suppose de patrouille. « En route. », lance l’agent Collins, s’asseyant côté passager, laissant Xiāo les conduire à leur adresse. Leur destination : le quartier hispanique. C’est là où ont eu lieues ces mystérieuses disparitions d'animaux de compagnie. La voiture s'ébranle dans les rues bientôt vespérales de la ville.

Le moteur ronronne doucement, créant un bourdonnement régulier dans l'habitacle. Samantha scrute la rue à travers la fenêtre de la voiture, ses pensées évidemment absorbées par la mission, mais aussi dérangée par cette petite voix qui, en reconnaissant les rues hispaniques devenues si familières, l’appelle à revenir à la cathédrale. Pour y faire son VRAI travail, celui qui ne fait, d'habitude, qu'accaparer son temps et ses pensées.

Sam finit par briser le silence, sentant le besoin de décompresser un peu avant d'entrer dans le quartier d’El Coco. Elle détourne le regard de la route pour fixer l’officier - officier qui, tiens au passage, aurait au moins pu se recoiffer pour aller voir la victime-euh ! Oui elle le juge, et alors ? Cette dégaine n'est toujours pas professionnelle bon sang ! Elle toussote avant de commencer :

« — Ça risque d'être un peu délicat là-bas. Le quartier n'est pas toujours des plus accueillants, surtout la nuit. »


Ils parviennent finalement à destination, se garant à proximité du dernier lieu de disparition.
Ils sortent. Prudemment, sur leurs gardes. Seul le claquement de la porte fait un bruit dans la rue déserte.
Ils s’échangent un regard, avant de traverser la rue pour sonner à la porte du propriétaire de Médor. Pourvu que le boss ne soit pas dans le coin.

L’agent Collins montre en même temps sa plaque au bonhomme devant eux. Alors que Xiao entame l'interrogatoire avec le propriétaire du chien disparu, Samantha reste en retrait, observant et détaillant attentivement l’extérieur de la maison. Lorsqu'il mentionne avoir croisé un enfant juste avant de rentrer chez lui, Samantha fronce les sourcils et soupire. Ce n’est pas une information pertinente selon elle. Il leur cache forcément quelque chose. La supercherie pourrait être plus étendue que ce qu’elle ne pensait.

« - Êtes-vous certain de n’avoir été témoin d’aucune autr… »

Elle s’interrompt brusquement lorsqu’elle sent des griffes se planter dans sa chair et qu’une douleur brûlante irradie sa jambe. Un cri s'échappe involontairement de sa gorge alors qu'elle se dégage précipitamment, sauvant certainement ainsi sa jambe d'une blessure plus grave. C’est en cherchant du regard l'origine de cette attaque soudaine qu'elle aperçoit l'ombre terrifiante de El Coco. Elle l’avait dit - ou presque, venir dans ce quartier n’était pas une bonne idée. La peur la saisit, mais elle se force à garder son calme ; elle n'a pas le luxe de paniquer maintenant.

Heureusement, l'homme en peignoir réagit rapidement, criant à son tour aux agents de se réfugier chez lui. Sans perdre une seconde, Samantha suit son hôte à l'intérieur, laissant derrière elle l'ombre se dissiper lentement dans la nuit qui continue de s’étendre. Samantha s'adosse au mur, évaluant la profondeur de ses blessures. Rien de grave, mais assez pour lui rappeler la réalité dangereuse du quartier. Elle s’en veut de ne pas avoir été plus vigilante.
Ils ont eu de la chance cette fois-ci. Mais ils devront être beaucoup plus prudents à l'avenir.

Elle jette un coup d'œil à son collègue, vérifiant qu'il va bien, puis reporte son attention sur l'homme qui vient de refermer précipitamment la porte derrière eux.

« - Vous avez probablement sauvé nos vies. El Coco est une menace bien réelle, même si beaucoup refusent de le croire. »

Ça pourrait ressembler à un reproche ciblé… mais ça ne l’est pas. Enfin.
Samantha reprend ses esprits en se frottant les yeux d’une main, comme pour remettre ses pensées à l’enquête :

« - Où nous en étions-nous ?... Oui, vous disiez avoir laissé un enfant caresser votre chien. Hum. Super. Avait-il quelque chose de particulier ? Peut-être était-ce une créature de quelque sorte ? demande-t-elle, essayant tant bien que mal de ne pas laisser transparaître son agacement face à cette information.
- Je ne sais pas vraiment... C'était juste un enfant du quartier. Je n'y ai pas prêté attention. »

Inutile, inutile, inutile. Encore, s’il s’agissait d’une créature identifiable, mais non, même pas. L’agente se contente d'acquiescer brièvement sans un mot avant de poursuivre son investigation dans le reste de la modeste maison, boitillant encore légèrement de sa blessure.

Il n’y a rien d'exceptionnel dans cette maison. Une gamelle vide au nom de Médor dans la cuisine. Un canapé marqué par les griffes du chien. Un petit carré d’herbe à l’arrière à peu près entretenu. Un léger courant d’air frais, venant d’une fenêtre ouverte portant sur la rue.
Une fenêtre ouverte.
Samantha s’approche pour l’examiner de plus près. Est-ce possible que le chien ait décidé de son propre chef de quitter le foyer ? A-t-il pu ouvrir lui-même la fenêtre ? Qu’y a-t-il à l’extérieur qui aurait pu le pousser, Médor et les autres animaux, à agir de la sorte ?

L’agente se rapproche de la fenêtre à la recherche de quelques traces indiquant la tournure des évènements. Elle fronce les sourcils lorsqu’elle remarque quelque chose.
Des miettes de gâteau sur le rebord.
Elle appelle son collègue et lui indique les miettes d’un mouvement de tête.

Soit le propriétaire des lieux avait un petit creux tout en ayant un air nostalgique par la fenêtre ;
Soit l’enquête n’a rien de surnaturel finalement.

Médor serait-il le gourmand ?
D’où viennent ces miettes ?
Samantha continue de scruter la rue avec minutie en quête d’un indice complémentaire. Qui n’implique pas El Coco de préférence.