De la charité ?! Et puis quoi encore ?! | ft.Dona & EruMar 12 Sep - 23:30
Maintenant c’est l’arrête de ton nez que tu te pince avant de prendre une petite gorgée de ton eau aux concombres et au citron. Déjà trois personnes sont passés dans tes mains cette semaine et tu as encore la place pour deux personnes avant que cet enfer ne soit terminé. Plus que deux individus et tu n’aurais plus à toucher le moindre plouc de ville avant de nombreuses semaines.
Une cigarette fraichement allumée sur ton fume-cigarette, tu fais signe à tes employés d’aller te chercher deux nouveaux pécores à qui offrir le relooking de leur vie. Franchement, ta générosité t’étonne toi-même, bien que tu y ailles avec des pieds de plombs. Au moins, jusqu’à présent, tu ne t’es occupée que de femmes. Des petites souillons, à en juger par leurs habitudes vestimentaires manquant clairement de la moindre classe ou simplement de la moindre esthétique basique – sérieusement, tu t’es toujours pas remise de cette pitchoune qui portait du vert, du rose, du jaune et du bleu en même temps – mais tu oses espérer les avoir éclairées pour leur vie future.
Aujourd’hui, tu savais que tu allais suer à grosse goute. Alors tu t’es habillées léger et pratique. Une robe charleston comme tu en portais tant à l’époque, de longs gants pour ne pas avoir à toucher la plèbe à main nue, des chaussures à talons qui pourraient fouler la cheville de n’importe qui n’étant pas habitué à en porter, un bracelet sur lequel est attaché ta pelote à épingles et un somptueux collier de perles blanches.
T’appuyant sur ta canne, tu te relèves. Tu t’en vas jeter un œil par la fenêtre, observant le manteau blanc qu’a revêtu le quartier caucasien aujourd’hui. Un soupire de fin du monde plus tard, c’est un sourire faux qui monte sur tes lèvres alors que tu entends la porte de l’atelier s’ouvrir. Élégante, tu te retournes, en appuis sur ta canne, pour découvrir que les derniers ploucs à profiter de tes bons services sont… deux hommes.
Ton œil gauche se crispe un peu alors que tu ne fais que peu d’effort pour cacher ta déception évidente. Tu essaies cependant de rester professionnelle. En observant leur dégaine, t’es à peu près sûr qu’ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’est seulement Snjór ou de ce qu’ils foutent ici. Tu les toises avant de t’approcher d’un pas.
Ta canne se lève et, du bout de cette dernière, tu écartes les étoffes qu’ils portent… ou peut-être devrais-tu appeler cela des torchons ? Par les Nornes, tu vas avoir du travail, ici. Ta canne retrouve le sol, à côté de tes pieds, claquant dans le silence de l’atelier.
Ta voix est claire, là où tu souris presque poliment, le ton que tu emplois ne laisse aucun doute sur le fait que tu n’es pas ravie de ce que tu as devant les yeux. Ta bouche se tord en une espèce de grimace alors que tu détailles les deux personnes davantage.
Si cela avait été des femmes, sans doute leur aurais tu proposés de leur serrer la main. Là, tu ne fais pas le moindre mouvement, te contentant de les détailler de la tête au pied, vaguement dégoutée.