Son destin avait été tiré avec un jeu de cartes, Javier n’en revenait pas ! Et c’est en prenant le chemin vers sa forêt qu’il fut pris d’un fou rire presque dément, aider son prochain . Facile ! En revanche se faire poursuivre sans cesse par une créature qui voulait notre peau, ça s’était autre chose et du duo, c’était le gamin de 13 ans qui reçut cette punition. Weirdtown était toujours beaucoup de surprises, peut-être retournerait-il en ville plus souvent ? Au final, il ne s’en sortait pas mal du tout !
L’espagnol passa nonchalamment devant une salle de fitness, regardant à travers les vitres, un grand sourire carnassier, pour regarder les sportifs se trémousser en pratiquant leur sport. Une idée lui vint rapidement : qui disait salle de sport, voulait dire douche ! Parfait pour se débarbouiller de tout ce chocolat qui avait séché ! Rentrant dans la salle, l’homme salua joyeusement l’hôte à l’accueil qui ne put s’empêcher de le dévisager avec dégoût.
« C’est du chocolat »L’homme ne répondit pas, se contentant de le laisser passer. Javier marcha à travers le bâtiment, recherchant les douches, il lui suffirait de piquer des vêtements après sa douche et il serait tout propre pour aller faire connaissance avec les weirdtownies qui faisaient tranquillement leur sport.
C’est cul nu que l’espagnol fixait les douches avec appréhension : depuis son arrivée à Weirdtown, sans trop qu’il ne sache pourquoi, l’eau l’effrayait un peu plus, chaque jour qui passait. Son instinct le poussait à fuir, tandis que sa raison voulait à tout prix qu’il se lave. Tu pues Javier, et t’es couvert de chocolat ! Une tape sur ses fesses le fit sursauter, un gros bonhomme passa à côté de lui en lâchant un rire gras :
« Reste pas au milieu, l’mexicain »Rougissant, Javier grommela dans sa moustache que de 1, il n’était pas mexicain, mais espagnol, et que de 2, il aurait fallu lui demander et il se serait décalé. Il écouta sa raison, pour une fois, et entra dans les douches pour se placer aussi loin que possible de l’autre homme qui était rentré plus tôt, dos à lui. Javier frissonna lorsque l’eau entra en contact avec sa peau, c’était un effort surhumain de ne pas s’échapper, en plus, il pouvait sentir le regard moqueur de l’autre sur son dos. C’était de la faute des boss (ou de n’importe quelle force au-dessus) s’il était aussi apeuré en approchant l’eau car avant, quand il habitait en.. en.. quand il vivait à… mais si, à..
Quand il vivait où ?
Bon, il ne savait plus où il habitait avant, mais il y vivait, ça s’était sûr ! Même qu’il n’avait jamais eu peur de l’eau avant!
Javier se savonna à la va-vite, pour partir de cet enfer rapidement : il quitta les douches, réussit à trouver des vêtements sur un des bancs du vestiaire et enfin, il fut prêt. Un frisson lui parcourra l’échine, c’est bon, l’épreuve était finie. Enfin. C’est ce qu’il crut car à peine eut-il passé la porte, qu’une femme vint lui agripper le poignet.
« Où étiez-vous ?! Vos élèves vous attendent depuis 20 bonnes minutes ! »Et cette dame avait une poigne de fer car il lui était impossible de s’extirper. Comment ça, des élèves ? En regardant l’insigne qui balançait sur son torse, il remarqua :
‘John Piscineexerciceboncourage’
Mierda. Il s’était mis dans un gros bourbier, lui qui ne faisait aucun sport dans sa vie, allait devoir faire un cours ? Avec un peu de chance, peut-être arriverait-il à s’en sortir une fois de plus?
…
Blanc comme un linge. Il devint blanc comme un linge. Il aurait pu faire des cours de tango, encourager des gens à pédaler plus vite sur les vélos électriques, aider les gens à lever leur poids, mais ça ?! Son cœur s’emballa car le voilà face à ce qui lui semblait être un océan infini. Le gros bonhomme, en slip cette fois-ci, passa à côté de lui à nouveau, lâchant le même rire gras pour se moquer de sa rigidité due à sa peur. L’autre instructeur arriva vers l’espagnol, presque en pleurs avant de lui souhaiter bon courage. En même temps, ça avait l’air d’être un fiasco total, et les ‘élèves’ avaient l’impression de juger l’ancien instructeur. Fort. Très fort.
Javier, qui collait le mur un maximum de peur de tomber dans l’eau, s’approcha de ses élèves et, sans perdre une seconde, la sirène du groupe n’hésita pas à le titiller :
« T’es instructeur de fitness dans l’eau et t’as peur de l’eau ? »Hé, le culot !
« Et toi, et toi, toi, toi bégaya-t-il en remuant du doigt, comme un animal, il attaquait quand il avait peur.
T’es une sirène et t’as besoin d’un instructeur pour apprendre à nager ? »Ladite sirène afficha un léger sourire, avant de se taire.
« Tu peux rester devant, vous, vous allez derrière elle, et toi le poulpe, la pieuvre, le calamar ? Bref quoique tu sois, tu vas touuuuuuuuut derrière. »Puis, jouant le jeu, l’espagnol – toujours collé au mur – commença à faire des gestes en passant ses bras au-dessus de sa tête : à droite, à gauche, à droite, à gauche, comme les quelques vidéos de fitness qu’il avait déjà vu. Le jeune homme fit de son mieux pour amuser la galerie, et bien sûr, ça fonctionnait, mais il avait baissé sa garde et sans l’avoir remarqué, il s’était approché beaucoup trop près du bord. Un pas de travers, marchant dans le vide, et Javier bascula dans l’eau.
Le jeune homme se débattait comme un diable, comme un cheval fougueux dans les rodéos, quand il arrivait à sortir sa tête de l’eau, Javier hurlait d’un cri étrangement constant. Son cri n’allait ni dans les aigus, ni dans les graves, c’était un cri fort, mais toujours dans le même ton. Bien vite, il put sentir des tentacules le toucher de par et d’autre de ses côtes pour le remettre droit, des mains vinrent immobiliser ses jambes qui continuaient de brasser l’eau.
« Mh, mais monsieur tu as pieds, hein ? »Javier se calma d’un coup, ouvrit les yeux et regarda autour de lui.
"Ah bah ouais."