Embouteillages
Le sourire de Javier s'étirait à fur et à mesure qu'on lui donnait ses consignes : passer au feu rouge, s'arrêter au feu vert, écraser les plots sur la route, et surtout, le plus drôle, renverser les gens et faire un délit de fuite et tout ceci, sans craindre d'amende! C'est génial, j'adore cette ville. La ville de Weirdtown avait besoin d'un instructeur de conduite, et qui de mieux qu'un mec qui n'a jamais passer le permis pour enseigner de "mauvaises" habitudes aux Weirdtownies ?
Son élève l'attendait, il pouvait voir la nervosité du plus jeune rien qu'à son regard inquiet et ses mains qui se frottaient ensemble comme si elles pouvaient calmer le garçon. Javier s'approcha et commença alors un combat de regard - que l'hispanique avait déjà gagné car l'autre ne cessait de baisser les yeux -. Les deux se tenaient là, devant la voiture avec l'insigne 'auto-école' sur le toit, jusqu'à ce que, finalement, Javier décida de briser le silence en demandant si le garçon était prêt.
Le silence n'était plus, mais l'atmosphère n'en restait pas moins pesante. C'est-à-dire que débarquer et fixer les gens sans rien dire n'était pas des plus agréables - mais c'était typique de Javier de rendre mal à l'aise les autres -.
"Mon petit gars, commença Javier. On règle son siège, ses rétros, tu mets ta ceinture et puis on est partis, ok ?"
L'élève de Javier appuyait sur tous les boutons, espérant changer les réglages de la voiture pour faciliter l'épreuve qui l'attendait, et lorsqu'il se tourna vers son moniteur pour lui demander si ses ajustements étaient bons, l'homme se contenta de lever les épaules : il en savait strictement rien.
"Fais ce qui te rend à l'aise, t'inquiète pas, tu peux même conduire avec une main
La voiture démarrée, le frein à main baissé, la première passée, il était enfin temps d'y aller. Il fallait avouer que Javier n'était pas le meilleur des moniteurs, ne cessant de chanter les chansons qui passaient à la radio - il disait que c'était les musiques de son enfance en faisant mine de retirer une larmichette de son œil -, l'hispanique n'était d'aucune aide : aucune indication, l'élève, en plus d'être stressé à cause de sa première leçon de conduite, était enfermé avec un bouffon puant.
"[...] et mon père était trop fort tu sais, il me faisait monter devant, pas de ceinture - c'est pour ça que je l'ai pas mise aujourd'hui, c'est pas naturel pour moi - et il conduisait avec ses genoux, il ria, en fait, il utilisait ses mains pour chercher une canette de bière sur les sièges arrières, il l'ouvrait et il buvait en conduisant et STOOOOOOOOOOOP"
Feu vert devant = on s'arrêtait , or son élève venait d'accélérer.
"MAIS T'ES UN FOU, ON AURAIT PU MOURIR ! Tu connais ton code de la route ou bien ?
Peut-être auraient-ils pu mourir, peut-être avait-il raison de hurler, la vérité était qu'il n'y avait aucune voiture aux alentours, donc à priori, aucun danger sur l'instant T. Le cours continua.
"Je vais toujours tout droit ?
- Nan, nan, va au roller disco.., Javier regarda son élève. Si je te dis rien, tu vas tout droit."
Au fur et à mesure que l'heure avançait, l'élève de Javier devenait de plus en plus confiant, et défiait son moniteur chaque fois que quelque chose n'allait pas. Bien sûr, il fallait s'arrêter au feu vert et écraser les plots, mais ça ne voulait pas dire qu'il fallait faire n'importe quoi pour autant. Le feu passa au vert, pourtant Javier le pressa d'avancer :
"Fonce, fonce !
- Hein ? J'ai pas le droit, c'est un feu vert. Il est fou ce type.
- Hé ? Le moniteur c'est toi ou moi ? Fonce, la boulange va bientôt fermé.
- Pff, t'as même pas le permis.
- Commence pas à m'énerver, tu vas quand même pas m'apprendre mon métier.
Dès que la voiture passa au feu vert, une sirène se fit entendre, Javier se tourna vers son élève, les yeux écarquillés.
"Accélère accélère ! Je veux pas retourner en prison, moi.. Pourquoi tu m'as écouté, t'es autant fautif que moi !"
Javier te parle en FCDC12