Joyeux Challoween !

[HRP :
Le texte en gras est du langage alien.
Le texte en italique est de l'anglais.]

Halloween !

Lily Noire aime bien Halloween. On peut se déguiser, manger des bonbons, et surtout, à Halloween, les farces sont autorisées. Bien sûr, elles doivent rester bon enfant et ne pas mettre à mal l’intégrité d’autrui ; mais ça, elle ne compte pas s’y risquer.

Elle a beau être sage, Lily Noire aime bien prendre les gens par surprise – se dissimuler dans un coin et bondir, d’un coup, sur le premier passant ! Puis crier, victorieuse : "attrapé !"

Un trait hérité de son ascendance féline. Assez ironique quand on sait qu’elle-même n’aime pas être prise au dépourvu. Mais que voulez-vous ? C’est toujours plus marrant d’être le blagueur que le blagué.

Apparemment, les humains de Weirdtown fêtent Halloween en nombre. Lily Noire a beaucoup hésité à s’y rendre. Elle, a toujours eu l’habitude de célébrer ce jour en petit comité. Naviguer dans les rues et sonner aux portes ? Elle n'a jamais fait ça. Pourtant, Dieu sait qu’elle serait efficace : comment voulez-vous refuser d’ouvrir la porte à une créature aussi adorable ? De surcroît, lui refuser le don de quelques denrées sucrées ? Il faudrait ne pas avoir de cœur, ou une phobie féline, pour lui claquer la porte au museau.

Malheureusement, le surplus de bruit, l’agitation, les fortes odeurs de transpiration et les mouvements de foule ne sont pas sa tasse de thé. Elle sait à quoi s’attendre, en se mêlant aux humains en pleine euphorie collective. C’est dommage, car pour une fois, son apparence incongrue n’aurait guère fait tâche parmi tous les déguisements… Tant pis ! Peut-être une prochaine fois.

Elle préfère profiter de la fête bien au calme dans sa Forêt. Pour l’occasion, elle a malgré tout préparé un déguisement ! Elle a percé un chapeau de sorcière pour permettre à ses oreilles végétales de passer, et récupéré une toge adaptée à sa taille en ville. A l’école, ils ont pu apprendre à ouvrir et vider une citrouille ; elle se sert désormais de l’une d’elles en guise de seau à bonbons. Le concierge l’a également aidé à attacher des pailles de riz à un bâton pour en faire un balai. Puisque ce dernier ne rentre pas dans son sac, et qu’il est assez encombrant, elle l’a attaché à une liane de vigne qui lui fait désormais office de lanière.

Une famille d’araignée a élu domicile dans son « arbre à chat » peu de temps avant les festivités.  Lily Noire s’est montrée assez réticente, face à cette cohabitation abrupte ; mais après s’être laissée convaincre que leurs toiles constituent un excellent liant dans ses travaux manuels, elle les tolère un peu mieux. Finalement, ils semblent être arrivés à un accord : ils déménageront si elle accepte de les emmener avec elle le soir de la fête. Lily Noire a concédé, et leur a ainsi fait une place sur ses deux queues.

La voila prête à parcourir la Forêt et à semer des sorts !

Leur première destination : la sylve des plantes vampires.

Lily Noire apprécie beaucoup les plantes vampires. Certes, elle a bien failli se faire dévorer le jour de leur première rencontre ; mais passé ce malencontreux incident, les deux espèces se sont découvertes beaucoup de points communs. Déjà, Lily Noire est capable de communiquer avec elles ; mais en plus, toutes deux sont des plantes carnassières. Lily Noire est peut-être un peu moins obnubilée par le sang que ces dernières, et tant mieux, car elles, elles apprécient moins la chair : il n’est donc pas rare que la plante hybride partage son repas avec les vampires, et vice-versa. Gecko, mulot, moineau : Noire leur laisse le sang, et elle garde la viande.

Elle ignore cependant si elles apprécient les gâteries autant qu’elle. Son seau en est plein, alors, elle va essayer de leur en partager quelques unes ! Peut-être se découvriront elles une nouvelle passion, moins sanglante.

A sa grande surprise néanmoins, quelqu’un a eu la même idée. Elle s’interrompt, étonnée, en découvrant une sorte de chiffon voletant au dessus des plantes vampires ; se délestant sur son passage de quelques confiseries colorées. Lily Noire l’observe aller et venir avec de grands yeux : qu’est-ce que c’est ? Est-ce vivant ? Ça a l’air de parler, ça ne doit pas être un simple objet. Est-ce des oreilles de chat, qu’elle voit ? Et des moustaches ? Ce drap blanc, et cette allure volatile, lui rappellent des histoires entendues à l’école…

Est-ce… Un fantôme ?

Un fantôme... De chat ?!

Pour apprécier les plantes-vampires, peut-être était-il comme elle, de son vivant ! Lily Noire n’a jamais rencontré le moindre de ses congénères, alors, elle ne peut que dévisager avec stupéfaction cette étrange silhouette. Elle ne réagit qu’à peine lorsqu’elle s’approche, et manque de la percuter : heureusement, l’inconnu semble manifester tout autant d’intérêt à son égard.

Il s’enthousiasme devant les différentes parties de son corps, ce qui laisse Lily Noire perplexe. Elle observe tour à tour ses queues et ses oreilles, avant de comprendre où il veut en venir.

-Oh ! Merci beaucoup ! Lily Noire les entretient tous les jours pour qu’ils soient doux et soyeux. Il faut en prendre soin et les laver délicatement.

La question l’a tant déconcertée qu’elle n’a elle-même pas pu l’interroger. Heureusement, voila que le prénommé Rain se présente spontanément : pour Halloween, il est venu aider les plantes en prévision de la mauvaise saison. Les queues de Lily Noire balaient vivement de gauche à droite, tandis qu’elle applaudit avec ferveur cette initiative.

-C’est gentil ! Merci Rain ! Lily Noire sent que la Forêt t’est reconnaissante !

Elle pensait que son sentiment de gaieté était dû à l’euphorie de la fête, mais maintenant qu’elle y prête attention, toute la végétation aux alentours est très joyeuse, elle aussi. Cette émotion s’est probablement transmise à elle via son empathie naturelle avec la flore. Elle ne connaît pas encore ce Rain, mais elle comprend aisément qu’il est le bienvenue, ici.

Elle souhaite se présenter à son tour, mais à peine a-t-elle entrouvert la bouche qu’elle sent une goutte de pluie tomber sur son chapeau. Lorsqu’elle lève la tête pour observer l’état de la météo, l’averse a déjà commencé, et elle prend encore plus de gouttes sur le visage. L’entièreté du corps félin de Lily Noire réagit instinctivement : un frisson glacé vient de remonter le long de sa colonne vertébrale, et hérisse chacun de ses poils.

Son déguisement s’avère étonnement propice au temps pluvieux. Entre son chapeau de sorcière et son chapeau naturel, la tête de Lily Noire est bien à l’abri, et sa veste est bien plus hermétique à l’eau que sa tenue végétale habituelle. Pour autant, si cela peut la protéger un temps, elle n’apprécie guère être exposée à l’humidité ; et outre ses considérations personnelles, ni sa citrouille ni ses comparses araignées ne pourront tenir l’averse.

Heureusement, Rain semble le percevoir, puisqu’il lui tend spontanément son parapluie. Du bout de ses doigts, Lily Noire l’attrape délicatement entre ses coussinets… Et le fixe d’un air pantois.

-Il est… Petit.

Peut-être suffira-t-il à protéger les araignées, mais pour ses bonbons, c’est une autre affaire ! Mais une fois encore, Rain intervient : il compte activer son pouvoir pour abriter Lily Noire de la pluie. Comment ? Eh bien, la réponse ne se fait guère attendre : après s’être redressé, voila que les gouttes tout autour de la chatte s’écartent miraculeusement. Une sorte de dôme protecteur vient de s’ériger au dessus d’eux, ce qui arrache une longue expiration à Lily Noire.

-Woooooow… !

Elle fait un pas vers la bordure du dôme, et passe sa patte au travers. Elle la ramène immédiatement vers elle quand elle sent la pluie la toucher à nouveau. Voilà qui est pratique ! Elle se tourne vers Rain, admirative.

-Merci ! C’est vraiment chouette !

Elle prend un air blasé.

-Lily Noire n’a pas de parapluie. Si je pouvais faire comme Rain, ça serait pratique...

Répéter le prénom de son interlocuteur lui fait réaliser quelque chose, et elle porte une patte à sa bouche, amusée.

-Hihi. Rain porte bien son nom. Ca veut dire pluie en anglais.

Elle bouge ses lèvres et sa langue méticuleusement pour essayer de former des sons terriens.

-R…Rai... Raiiiii… !

Elle finit par abandonner, néanmoins satisfaite de sa tentative.

-Ton nom est court. Si je m’entraîne, j’arriverai à le prononcer correctement !

Elle finit par apposer sa patte contre son buste.

-Moi c’est Lily Noire. Et elles, ce sont mes voisines.

Elle se tourne pour montrer les trois araignées ayant élu domicile entre ses deux queues. Elles y ont tissé une toile pour pouvoir y rester accrochées malgré les va-et-vient des appendices caudaux. Puis, Lily Noire joint ses deux pattes, et fixe Rain, une lueur d'espoir dans les yeux.

-Qu’est-ce que tu es, Rain ? Tu es un fantôme ? C’est la première fois que j’en vois un !

Si Rain est un fantôme de chat-plante, alors ça voudrait dire qu’il en existe d’autres à Weirdtown, pas vrai ?

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Le texte en gras est du langage alien.
Le texte en italique est de l'anglais.]

Le pouvoir de Rain est déjà impressionnant pour Lily Noire. Manipuler la météo ? Elle ne savait pas que c’était possible, même à petite échelle ! Qu’est-ce qu’elle aimerait avoir cette faculté. Elle s’imagine déjà profiter d’un long et rayonnant soleil, allongée sur une pierre chauffée au centre d’une clairière…

Enfin, son interlocuteur n’a peut-être pas de telles dispositions. Son pouvoir serait plus faible que celui des autres membres de son espèce… Donc, il y en a d’autres ? Formulé ainsi, il y a peu de chance qu’il appartienne, ou ait appartenu, à la même race que Lily Noire. Elle doute qu’elle ou ses affiliées puissent avoir de tels capacités, en tout cas... S’il y a des chats normaux, et des chats-plantes, alors, il doit y avoir des chats-météos aussi. Elle et Rain doivent donc être des sortes de cousins éloignés…

Tout en essuyant sa patte trempée sur ses propres vêtements, elle le rassure quant à ses capacités.

-Ton pouvoir est très bien. Il peut protéger Lily Noire et ses amies de la pluie, alors tu peux en être fier.

En tant qu’hybride entre une créature féline et un végétal, elle a toujours eu une relation conflictuelle avec l’eau. D’un côté, elle ne peut nier le rôle primordiale qu’elle joue dans son hydratation et donc sa survie, mais de l’autre, elle n’apprécie ni son pelage trempé ni l’humidité et le froid qui vont avec. Pour autant, elle sent bien que le chapeau feuillu qui forme le sommet de son crâne se porte bien mieux lorsque arrosé de temps à autre, à l’instar de toutes les autres plantes qui l’environnent… Une contradiction génétique qu’elle ne pourra surmonter qu’avec un gros travail sur soi ; certains chats arrivent bien à nager, après tout. Ce n’est qu’une question d’éducation, et Lily Noire étant plus intelligente que le félidé lambda, il n’y a aucune raison qu’elle en soit incapable.

Mais ce n’est pas un effort qu’elle compte effectuer aujourd’hui, en tout cas. De même, l’idée, avancée par Rain, d’aller se réfugier auprès des scouts, bouscule en elle son introversion. Bien qu’elle n’ait rien contre eux spécifiquement, elle s’est mentalement préparée à passer la soirée au calme dans la Forêt, et non entourée d’individus aux doigts graisseux et dépourvus de poils.

C’est pourquoi elle tire une moue peu convaincue, tout en se plaçant derrière le yokai.

-Lily Noire n’a pas trop envie de voir des humains, ce soir. Ils sont bruyants quand ils font la fête...

Elle préfère rester seule à seuls avec les autres créatures. Et puis, malgré tout, entendre les gouttes de pluie marteler le sol et les feuilles de la Forêt a quelque chose d’apaisant. Une ambiance qu’elle ne souhaite pas troquer contre les brouhahas et les agitations causés par les rassemblements humains.

Intriguée, ses yeux passent en revue le dépliant tenu par Rain. Ses formes lui sont à la fois évocatrices et étrangères.

-Tu as dit que… C’était une carte, c’est ça ? Qu’est-ce qu’elle représente ? Tu… Tu peux vraiment savoir où on est, grâce à elle ?

Elle a déjà vu des mappemondes, une carte des États-Unis, et même des cartes représentant des constellations, mais jamais rien qui soit à plus petite échelle. Elle ne saurait probablement pas comment se servir de ce plan si on le lui laissait entre les pattes.

Ses queues balaient de gauche à droite en même temps qu’elle repense aux araignées perchées dessus. Rain a évoqué quelque chose, quand il leur a proposé le gîte…

-Il est par où, ton chez toi ? Lily Noire ne se souvient pas avoir vu la maison de Rain dans la Forêt.

Passé un instant à contempler cette carte, la chatte s’en détourne. Pour elle, tous ces dessins ne veulent pas dire grand-chose. Pendant que Rain voltige, dans l’expectative d’une consigne, Lily Noire hoche la tête d’un air convaincu. Avec assurance, elle pointe une direction de la patte.

-Lily Noire sait qu'il y a un grand chêne, par là-bas. Ses branches sont épaisses, son feuillage touffu, et son tronc est creusé par endroits. Il devrait nous permettre de nous protéger !

Lorsqu’elle est arrivée à Weirdtown, elle a passé deux-trois nuits sous sa protection. S’il n’est pas aussi confortable que son « arbre à chat », il constitue malgré tout un abri entièrement suffisant pour se réfugier de la pluie ou du vent. De plus, Lily Noire serait ravie que Rain puisse partager avec lui quelques uns de ses bonbons bienfaiteurs : ce serait la moindre des choses, en vue de toute l’aide apportée.

Après avoir salué les plantes vampires, Rain, Lily Noire, et par extension, Am, Stram et Gram, se mettent ainsi en route vers l’arbre salvateur. Puisqu’ils vont devoir marcher quelques instants (quoique le terme « marcher » n’est ici valable que pour la jeune chatte), elle souhaite en profiter pour faire la conversation.

-Si Rain aide les plantes de la Forêt, est-ce que Rain a une plante ou une fleur préférée ?

Question posée non sans arrières pensées. Après tout, il lui fait bénéficier de son pouvoir ! Peut-être pourrait-elle lui rendre la pareille… ?

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Le texte en italique est de l'anglais.]

Les queues de Lily Noire balaient de gauche à droite à mesure que ses pattes foulent le sol de la Forêt. Leur va-et-vient est lent, régulier, de sorte à ne pas trop brusquer ses occupantes arachnides. Leur toile a beau être solide et résistante, se faire violemment agiter n’aurait rien d’agréable.

Difficile de savoir jusqu’où porte l’ouïe de ces arthropodes, mais s’ils peuvent percevoir le martellement doux et monocorde de la pluie, alors, nul doute qu’ils se laissent bercer par ce balancement calme et apaisé. L’euphorie de la flore a laissé place à une accalmie détendue une fois l’averse venue ; comme si la Forêt profitait de ce rafraîchissement pour se ressourcer, et se préparer à repartir de plus belle une fois la fête relancée.

Les pupilles rétrécies de Lily Noire toisent avec intérêt le chiffon voletant à ses côtés. Sa question l’a, semble-t-il, plongé dans une profonde réflexion. L’attention que porte Rain à ses amies les plantes plaît beaucoup à la jeune chatte, aussi, elle n’est guère surprise de le voir penser sa réponse avec sérieux. « Quelle est ta plante préférée ? » : soit la réplique est spontanée car innée, soit au contraire, il faut aborder le sujet avec précaution pour ne pas formuler une proposition hasardeuse et vide de sens. Les plantes sont pleines de vertus, de facultés, de significations et de symboliques. Pour survivre, elles ne demandent guère plus qu’un peu de soleil, d’eau et d’espace. Leur accorder cette attention est bien la moindre des contreparties.

Jusqu’à présent, la créature extraterrestre n’a pas été très réceptive aux discours tout en vers du yokai. De part son jeune âge, son ignorance dans le domaine, et ses capacités vocales particulières, les concepts de rime ou de métrique lui sont bien étrangers.

Pour autant, lorsque Rain se met à voltiger, entreprenant une ode à sa fleur préférée, les oreilles de Lily Noire se redressent d’un air intéressé. Elle cerne bien, qu’au travers de sa danse, ce n’est pas qu’une tirade qu’il énonce, mais un hymne à la gloire de sa bien-aimée. Usant de la pluie en guise de mélodie, ses mouvements de voile graciles marquent le rythme de sa chanson. Lui et ses paroles virevoltent tout autant que des pétales portés par le vent, et captivent le regard innocent du petit être inconscient.

Elle ne peut qu’applaudir vivement la fin de sa prestation. Probablement qu’Am, Stram et Gram feraient de même si elles en étaient capables. Avec bien moins de poésie et bien plus de nonchalance, Lily Noire se permet de commenter la performance.

-Quelle jolie chanson ! Tu danses si bien et si légèrement ! L’affection de Rain pour la Lycoris doit être tellement sincère !

Ses applaudissements se taisent en même temps que son regard s’abaisse. D’un air bien plus concentré, Lily Noire rapproche ses deux pattes et les joint délicatement entre elles. Elle forme une sphère avec ses doigts, dont la proximité empêche de déceler ce qu’il se passe dans le creux de ses mains. A voix basse, dans un murmure inhabituel, ses mots sont adressés à une obscure entité.

-Merci pour ce prêt...

C’est alors que tout le pelage de Lily Noire frémit. Ses pupilles s’étirent jusqu’à former un trait à l’épaisseur infime, et les veines de son corps se précisent. Des manches de sa tunique, émanent des lianes qui s’enroulent tout autour de ses bras, jusqu’à se frayer un chemin entre ses doigts. Ces derniers s’écartent tandis qu’une masse rougeoyante prend place entre ses coussinets.

D’un geste solennel, l’extraterrestre écarte l’une de ses mains. L’autre, paume tendue vers le ciel, présente avec fierté ce qu’elle héberge désormais en son creux.

-Lycoris radiata  ! Le lys araignée rouge !

C’est comme si un bouquet venait d’éclore entre ses pattes. Une masse de fleur de Lycoris se déploie, et présente ses pétales et étamines rougeoyants au yokai. Elles sont si nombreuses qu’elles ne peuvent toutes tenir dans la paume de Lily Noire, et certaines d’entre elles choient avec légèreté tout autour d'eux.

L’explosion florale terminée, les tiges qui les ont vu germer se détachent et se rétractent, pour retourner se dissimuler sous la tunique de l’être hybride. Cette dernière peut désormais approcher les fleurs de Rain, et l’invite même à s’en saisir.

-C’est un cadeau pour Rain de la part de la Forêt et de Lily Noire. J’espère qu’elles te plaisent.

Après qu’il se soit servi, Lily Noire se permet de loger les fleurs restantes à même la toile d’araignée attachée à ses queues. En les voyant si proches de ses voisines, elle cerne mieux pourquoi on les appelle « lys araignée » : c’est vrai que la forme singulière de ses étamines évoque des pattes d’araignée. Elle espère que cet hommage fasse également plaisir à Am, Stram et Gram.

Elle est surprise de voir la question précédemment adressée à Rain lui être retournée. La plante avec laquelle elle souhaite passer Halloween… ?

Halloween est une fête d’automne orchestrée autour de la peur et de l’épouvante. Les couleurs lui étant principalement associées sont l’orange et le noir… Il y en a quelques unes, des fleurs de ce genre en cette saison. Feuilles de hêtre, hélichrysum séché, tête de physalis ou fleurs de rose voire de germini…. Des tas d’idée fleurissent dans l’esprit de la chatte, mais pourtant, ses pensées finissent par doucement dériver vers tout autre chose.

Rain a choisi le Lycoris en rapport à sa couleur rougeoyante et sa forme proche des arachnides. Lily Noire apprécie cette attention. Et à cette réflexion, une réponse apparaît clairement dans son esprit…

Bien moins versée dans la poésie, elle ne peut offrir à l’heureuse élue une ode pareille à l’élégie entonnée par Rain. Pour autant, c’est avec conviction qu’elle lève bien haut une de ses pattes.

-Nous aussi, félins, nous avons notre fleur ! Et je perçois que Rain sera ravi par sa couleur…. !

A nouveau, le corps de Lily Noire s’anime. Ses deux queues se redressent, à l’instar de ses oreilles. Les tiges ressurgissent de sa manche, mais cette fois-ci, elles ne s’enroulent qu’autour du bras levé. Une fois arrivées à l’extrémité de sa patte, un bulbe apparaît, puis un second, et un troisième. Ils grossissent d’une traite, jusqu’à éclore, et d’un coup, des masses longilignes et velues en émanent ; comme un sifflet serpentin dans lequel on aurait d’un coup soufflé.

-Acalypha hispida  ! La queue de chat !

Ces longues fleurs rouges sont toutes poilues. La forme particulière de ses pistils évoque des queues de chat, d’où leur nom. Lily Noire en tend une à Rain, et garde les deux autres dans chacune de ses pattes.

-Tadaa ! Nous aussi, nous avons notre plante ! Et celle-ci est toute rougeoyante !

Puisque Am, Stram et Gram ont reçu la leur, il paraît logique que le chat-météo et le chat-plante puissent en bénéficier également, pas vrai ? Et Rain a notifié de son intérêt pour le rouge, alors, elle espère que ce choix lui plait. Mais à peine l’extraterrestre s’est-elle enthousiasmée à cette idée que son attention est attirée bien au-delà de leur petite bulle fleurie. De sa patte non sollicitée, elle désigne quelque chose à l’horizon.

-… Monsieur le chêne ! Il est là !

En effet, à force d’avancer, les voila qui approchent de leur destination.

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Le texte en gras est du langage alien.
Le texte en italique est de l'anglais.]

Une patte s’accroche à Rain, l’autre retient son chapeau. Au fil de leurs pas, les trois fleurs rattachées à ce dernier s’agitent tout doucement, faisant bouger leurs pétales et pistils en une délicate chorégraphie.

Il ne leur faut pas très longtemps pour rallier l’arbre protecteur. Une fois au pied ce celui-ci, ses branches vigoureuses et son imposant feuillage offrent une couverture bien suffisante pour intercepter les gouttes de pluie.

Lily Noire en profite pour se délester de certaines de ses affaires. Son seau à bonbon, logé dans le creux de son coude, est déposé à même le sol. Pour son balai, elle doit faire très attention à ne pas déloger les araignées et leur toile au moment de le décrocher de sa lanière. Elle ne garde sur elle que sa tunique et son chapeau ; mais déjà, elle se sent plus légère, et peut s’asseoir en une expiration satisfaite.

Rain a déplié devant elle sa carte, prêt à faire office d’instituteur. Un à un, il commence à détailler les différents symboles qui la peuplent. La jeune élève ne peut réprimer une exclamation enthousiaste, et brandit bien haut l’une de ses pattes.

-Oh ! Je sais ! C’est ce qu’on appelle la « légende », pas vrai ?

Elle sait que dans la langue anglaise, « legend » se rapporte autant à l’interprétation qu’on fait des motifs ou couleurs d’une carte, qu’à un récit mythique et vraisemblablement fictif. Elle a toujours trouvé ironique ce contraste : d’un côté, on a une interprétation factuelle d’un graphisme défini, et de l’autre, une histoire fabulée avec sa dose de subjectivité.

Ce n’est pas pour autant qu’elle est une experte en décodage de carte, loin de là. A part peut-être le symbole du poisson, tous ces signes ne lui sont pas très évocateurs. Pourquoi les litières publiques sont représentées par deux silhouettes humanoïdes ? A ses yeux, la structure utilisée pour identifier les boutiques n’est pas bien différente de n’importe quelle autre habitation humaine. Et pourquoi utiliser de simples traits pour représenter le métro ? Surtout qu’il est sous terre ! A quoi ça sert de le montrer à la surface ? De son point de vue de jeune créature, rien de tout ceci n’est intuitif…

Heureusement que Rain est là pour tout lui détailler. Et d’ailleurs, elle préfère de très loin sa seconde représentation de la carte…

Cette transposition des quartiers est bien plus parlante, bien plus tangible. Certes, elle manque peut-être de route ou d’itinéraire précis : mais Lily Noire est à moitié chat. Pour ses déplacements, elle se fie en grande partie à son instinct et à sa mémoire. D’autant que les trajets humains ne sont pas forcément les plus adaptés aux siens, et vice-versa. Il lui est déjà arrivé de couper par quelques ruelles qui seraient trop étroites pour le bipède lambda...

Alors, pouvoir simplement situer chaque quartier par rapport aux autres, c’est amplement suffisant. Et surtout, il n’y a pas toutes ces lignes de métro inutiles… Elle n'aime pas trop ça, le métro. C’est compliqué de s’orienter une fois dans celui-ci : impossible de savoir où l’on se trouve à moins d’en sortir. Lily Noire ne peut pas descendre à chaque station jusqu’à espérer tomber sur la bonne !

Certes, elle pourrait apprendre à placer les-dites stations sur la carte. Mais n’en demandez pas trop à cette petite, elle est encore traumatisée par son premier voyage en transport en commun.

Même si c’est grâce à cette mésaventure qu’elle a fini par découvrir l’école. Lorsque Rain la pointe sur la carte, Lily Noire prend la mesure de son emplacement par rapport à la Forêt. Il est vrai qu’elle a la sensation de traverser tout Weirdtown à chaque fois qu’elle s’y rend… Elle comprend mieux pourquoi, désormais.

A la question de son tuteur du jour, elle hoche vigoureusement la tête.

-Oui. Lily Noire apprend plein de choses à l’école. Tous les humains n’ont pas l’air d’aimer ça, mais moi, ça va. Même si les matières ont beaucoup changé depuis que les quartiers, ils ont bougé…

Maintenant que Weirdtown a régressé jusqu’en 1980, l’école a fait un certain bond en arrière, selon l’extraterrestre. Les manuels ont perdu en qualité, de même que le matériel scolaire voire… Les mentalités. Les professeurs sont beaucoup plus à cheval sur la discipline, aujourd’hui. Heureusement, ils n’en sont pas encore à imposer un uniforme scolaire ou la non-mixité des classes… Même si cela pourrait parfaitement arriver, en cas de nouveau bond temporel.

D’un air curieux, Lily Noire s’intéresse à la partie bleuté de la carte. Sa précédente conversation avec Rain lui revient en mémoire, alors elle la pointe de la patte.

-Rain a dit qu’il vivait au quartier caucasien, c’est ça ? Lily Noire a une amie qui habite là-bas, alors des fois, je l’accompagne. Moi, je n’aime pas trop cet endroit. Il fait froid et la neige mouille mon pelage… C’est laquelle, ta maison ?

Elle s’attend naïvement à ce qu’il lui désigne une illustration spécifique et déclare « là ! ». A vrai dire, elle-même serait bien incapable d’indiquer son arbre à chat au milieu de la masse verdoyante représentant la Forêt.

-Ce n’est pas trop compliqué, d’habiter parmi les humains ? Lily Noire les trouve bruyants. Et un peu collants, aussi. Heureusement il y en a des gentils, et d’autres qui me font des cadeaux.

Ça ne la dérange pas vraiment de faire les yeux doux aux habitants de Weirdtown si ça peut lui permettre de recevoir un service de leur part. Très honnêtement, Lily Noire n’a pas vraiment conscience de sa tendance à la manipulation affective – cela s’est tout simplement développé comme étant le moyen le plus efficace d’obtenir ce qu’elle souhaite.  

Heureusement pour Rain, la jeune chatte ne s’apprête que rarement à ce genre d’exercice envers les autres créatures. Elle sait qu’elles sont bien moins réceptives à son charme ; et de toute façon, la relation entre le yokai et l’alien s’est rapidement imposée comme suffisamment cordiale pour qu’elle puisse s’en passer.

A ce propos, elle n’a toujours pas distribué de bonbons ! Lorsqu’elle en prend conscience, elle saisit son seau, et le lève bien haut à l’intention de son interlocuteur.

-Oh ! Lily Noire a oublié d’en proposer ! Tu en veux ?

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Le texte en italique est de l'anglais.]

Le yokai et l’alien ne semblent pas avoir le même vécu vis-à-vis de l’école, mais Lily Noire n’a pas vraiment le temps de le relever. Voilà que Rain rebondit sur les changements de Weirdtwon et ses infrastructures, ce qui laissent la jeune chatte pantoise. Roller ? Vélo ? Mais de quoi parle-t-il ?… Ah ! Ce sont ces engins à roues qu’utilisent les jeunes humains ! Certains de ses camarades s’en servent pour venir jusqu’à l’école. Selon eux, c’est plus rapide qu’à pattes… Selon Lily Noire, c’est surtout plus terrifiant.

-Lily Noire trouve ça bizarre ! Ça n’a pas l’air très stable. Si tu tombes, tu peux te faire bobo ! Je peux retomber sur mes pattes, mais ça risque d’être plus difficile avec ces étranges appareils aux pieds.

Elle s’imagine, galérant, en train de patiner sur place en voulant immobiliser les roues situées au niveau de ses coussinets. Elle n’est même pas sûre de pouvoir en porter, cela dit. Pareillement, ses jambes ne sont pas assez longues comparativement à celles des humains pour pratiquer du bicycle. Un souci que partage Rain, avec sa morphologie si particulière. Lily Noire ne peut qu’acquiescer à son commentaire, navrée.

-Les inventions des humains sont souvent faites pour des humains. Même si Lily Noire peut lire des livres, des fois, ils sont bien trop gros ou trop lourds pour moi. Beaucoup de choses sont trop hautes, aussi…

C’est alors que son expression déconfite laisse place à une profonde assurance.

-Mais les humains sont poisseux et patauds. Lily Noire et Rain n’ont pas ce problème. Nous, nous sommes beaucoup plus adorables.

A défaut de pouvoir jeter ses cheveux en arrière, l’extraterrestre relève la collerette de son chapeau d’un air fier. Puis elle serre ses pattes, et fixe Rain, résolue.

-Si des humains te regardent mal, ignore-les. Et s’ils t’approchent, tu les griffes ! Et après, ils te laissent tranquille.

Elle détourne le regard, contrariée.

-Bon, à l’école, on m’a dit que je n’avais pas trop le droit de griffer mes camarades… Mais ce n’est pas grave ! Tu peux les mordre, aussi. Ou leur tirer la langue. Oh ! Ou mieux !

Son sourire se fait narquois.

-Leur tourner le dos et partir avec dédain. C’est la réaction préférée de Lily Noire.

C’est une chatte, après tout. Elle n’a que cure de ce que pensent les gens qu’elle ne connaît pas. Seul ce qui semble digne de son intérêt vaut la peine de s’y intéresser ; le reste n’a droit qu’à son indifférence froide et glacée. Si son ascendance alien ne l’avait pas dotée d’une conscience et d’un corps si particuliers, Lily Noire serait le genre de chat qui, par pur mépris, exposerait ses fesses en plein milieu de votre champ de vision.

Heureusement que le yokai est bien plus avenant envers l’espèce humaine. Il n’est embêté ni par la météorologie particulière du quartier caucasien, ni par ses habitants. Lily Noire trouve impressionnant son enthousiasme : elle aimerait pouvoir s’en réjouir tout autant.

-Mais la neige est si froide ! Et le vent déséquilibre Lily Noire. Même mes vêtements s’envolent… Lily Noire aimerait pouvoir faire comme Rain, et être capable de se protéger du mauvais temps.

Peut-être qu’alors, elle apprécierait plus les paysages enneigés du quartier. Cela dit, si elle ne partage pas son enthousiasme pour la météo, elle peut admettre que les humains ne sont pas tous si terribles.

-Hmm. C’est vrai qu’il y en a qui sont gentils. A l’école, Lily Noire aime bien le maître et Katinka. Il y a aussi des humains gentils à la bibliothèque, et en plus, ils sont tout calmes !

Elle penche la tête sur le côté, perplexe.

-Je ne trouve pas Rain bruyant ou perturbant. Je te trouve sympathique et tout doux ! Lily Noire aime beaucoup Rain.

Son expression se fait alors plus inquiète. Cela fait plusieurs fois que le yokai se dévalorise de la sorte. Il semble être facilement intimidé par ce que peuvent penser les humains de lui, et son expérience à l’école paraît complexe. Lily Noire ne l’a jamais vu là-bas : s’il y a été, en tout cas, aujourd’hui, il n’y va plus.

-Tu as dit que l’école te terrifiait ? Pourtant, tu n’as pas peur de vivre parmi les humains. Est-ce que ce sont les devoirs qui te font peur ? Il y a des élèves qui ne veulent plus venir à cause d’eux. Mais Rain a l’air d’aimer découvrir des choses…

Est-il du même genre que Katinka, à préférer l’expérience du monde réel plutôt que scolaire ? Ou y a-t-il une raison toute autre ? L’hybride ne le connaît pas suffisamment pour pouvoir le déterminer d’elle-même.

Même si leur conversation lui permet d’en découvrir un peu plus au fur et à mesure. Sa maison, notamment, a de quoi surprendre. Elle est vraiment toute petite ! Lily Noire plisse les yeux et rapproche le dessin de son visage, comme si elle pouvait ainsi mieux la discerner. Bien évidemment, cela n’aboutit guère.

-Tu ne dois pas avoir beaucoup de place ! Mais ce n’est pas un mal. Parfois, les petits espaces sont les plus chauds et les plus confortables.

Lily Noire est à la fois une plante et un chat. L’une peut grandir dans un pot étriqué, l’autre raffole des boites en carton. Évidemment qu’elle aime les petits environnements confinés. Vous pouvez faire difficilement moins claustrophobe que cette hybride !

Elle ne comprend pas tout de suite la question de Rain après qu’elle lui ait proposé des gâteries. Mais lorsque son regard suit le sien, et se dirige vers le grand chêne, elle pense saisir d’où vient la confusion. Cela lui arrache un léger rire.

-Hihi… Monsieur le chêne n’est pas intéressé par les offrandes de Lily Noire. Ses branches ne peuvent pas saisir ce balai, et ses racines ne peuvent pas mâcher ces bonbons.

Elle sourit, et observe le sommet de l’arbre.

-Mais monsieur le chêne a aimé le cadeau de Rain. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais les plantes ont l’air de trouver ça bon !

[HRP :
Le texte en gras est du langage alien.
Le texte en italique est de l'anglais.]

La discussion va de bon train entre les deux créatures.

Quand on y réfléchit, beaucoup de choses les opposent. L’une vit en ville, l’autre préfère la Forêt ; la première est faite de tissu, la seconde de chair et de sève ; Rain est à son aise auprès des humains,  Lily Noire est bien plus sélective ; mais le yokai est aussi plus craintif, et l’extraterrestre vindicative.

Les opposés s’attirent, n’est-ce pas ?

Et pourtant, ce qui se ressemble s’assemble. Tous deux sont très mignons, à n’en point douter, et ont bien du mal à s’intégrer à la société humaine. Puis, un amour certain pour la nature et ses plantes découle de leurs petits cœurs. Aussi, il n’est pas si étonnant de les voir s’entendre de la sorte : finalement, ils ont autant de points communs que de spécificités leurs étant propres.

C’est ce qu’on appelle la diversité. Tous pareils et pourtant tous différents. Il se trouve qu’à Weirdtown, les singularités et les anomalies ont une place de choix. Ce qui est anormal est accepté comme étant la norme, le bizarre est le quotidien. Ainsi, la cohabitation de pareilles étrangetés est tout à fait admise, même au sein des humains.

Lily Noire l’ignore, mais pour elle, cette ville relève d’une chance inouïe. Il n’y a que peu d’endroits sur Terre où elle a la possibilité de se sentir à sa place. Et où elle peut lier pareille amitié.

Malgré ça, cette médaille ne vient pas sans son revers, et de nombreux dangers rôdent. Les deux êtres ignorent que la mort est autant omniprésente en ces terres. L’immuabilité de la densité de population cache un mystère que leurs esprits peu conscients ne peuvent appréhender : celui de voir les êtres proches disparaître et de leur mémoire s’effacer.

Lily Noire saurait-elle mieux profiter de cet instant si elle avait connaissance de ce risque ? Ou est-ce que la crainte ferait peser sur son cœur une persistante et désagréable pression ?

La seule chose qui est certaine, c’est qu’elle se sentira un bref instant dépourvue en voyant le yokai abruptement s’éloigner. Cela fait un moment déjà que les deux compères batifolent, et pourtant, elle n’a pas vu le temps passer. Elle aurait certainement apprécié continuer de converser, à l’abri de ce majestueux chêne.

Ses oreilles et ses queues se redressent en témoignage de sa surprise. Lorsque Rain lui adresse ses salutations, Lily Noire se relève, comme pour l’interrompre. Mais déjà, le yokai s’enfonce à travers les branchages.

Alors, l’alien ne peut que lui crier ses dernières paroles.

-Lily Noire viendra rendre visite à Rain, dans sa maison ! Je t’apprendrai à te défendre, et toi, tu m’apprendras à faire des bonbons engrais !

Il faut dire que son élégante quoique énigmatique recette l’avait laissée dans le flou. Tant d’ingrédients qu’elle ignore ! Elle aura certainement besoin de quelques cours dispensés par son nouveau professeur pour en maîtriser les arcanes.

Mais pour l’heure, à Rain de disparaître dans l’ombre.

Ne reste qu’une Lily Noire, seule, au milieu des arbres. Seule ? Pas vraiment, elle a toujours Am, Stram et Gram en sa compagnie. Et monsieur le chêne, quoiqu’il ne soit pas bien bavard. La pluie s’est arrêtée, mais les gouttes continuent de glisser le long des feuilles, jusqu’à choir au sol.

Ce qui est certain, c’est que sans ce joyeux luron, la Forêt est bien plus calme.

La fraîcheur, et de la pluie, et de la nuit, font parcourir un doux frisson le long de sa colonne vertébrale. Il serait peut-être temps pour elle de rentrer.

Se rééquipant de son matériel de sorcière, Lily Noire avise une dernière fois l’endroit d’où Rain s’est volatilisé.

-C’est peut-être bien un fantôme, en fait…

Peut-on faire rencontre plus propice un soir de Halloween ?