IT'S THE FINAAAAL COUNTDOWN TUDUDU DUUUUU DUDUDUUUDUUUU [1980 | Libre]Lun 30 Oct - 21:35
Loan est indécise. Elle parcourt des yeux, ligne par ligne, les trop nombreux titres qui constituent le catalogue du karaoké. Elle ne sait pas quoi choisir. La Bamba ? Nuit de Folie ? Trois nuits par semaine ? Si cela ne tenait qu'à elle, elle les jouerait tous, quitte à rester des nuits et des jours entiers ici.
Toute cette musique, cette époque dans sa globalité, ça lui parle comme si elle en avait fait partie. Elle se sent bien ici. C'est vivant. C'est coloré. En vérité, elle n'est pas née bien longtemps après les années quatre-vingts, alors sans doute a-t-elle connu cette période-là par le biais de ses parents. Mais pourquoi en a-t-elle un souvenir si précis, pourquoi ce sentiment si réconfortant, alors que les empreintes mentales de son enfance demeurent un secret que son esprit s'interdit de lui révéler ?
Pourquoi les années quatre-vingts précisément me direz-vous ? Eh bien parce que l'horloge de Weirdtown a tourné et qu'au lieu d'avancer comme l'aurait fait n'importe quelle horloge, elle a reculé jusqu'ici, jusqu'à cette fameuse époque d'expression et de créativité.
Le changement s'est fait sans transition aucune. L'instant d'avant, Loan et tous les autres se trouvaient dans le stade et découvraient avec stupeur les lots accordés aux gagnants des jeux. La seconde qui suivait, elle se trouvait au fond de son lit. Les posters de sa chambre étaient toujours aussi nombreux mais ils avaient été complètement remplacés. Abba, Star Wars, Les Gremlins... La décoration lui rappelait quelque chose de familier, quelque chose qu'il lui semblait avoir déjà vécu mais comme souvent, elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Dehors, Loan se rend compte que ce n'est pas seulement sa chambre qui a changé. Exit sa théorie de « quelqu'un est rentré chez elle et a décidé de donner un coup de neuf – ou de vieux, selon le point de vue – à sa décoration » : tout est différent. Les rues, les façades des maisons et même son vélo ! Il est devenu rose pâle et porte fièrement, à l'avant, un petit panier blanc dans lequel se trouve un klaxon, type gros pouet-pouet noir. Il a dû tomber pendant la nuit... Pendant les vingt ans qui séparent Loan de son époque originelle.
Naturellement, Loan s'est mise en quête d'un lieu familier, autre que sa maison. Un lieu dans lequel elle aurait droit à des réponses. Elle a d'abord songé à se rendre à la mairie mais après sa dernière entrevue avec Goosebump, elle s'est dit que ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Alors elle s'est déplacée jusqu'à la presse et la radio. Et, surprise : on l'a reconnue. Les personnes qu'elle côtoie habituellement ne sont pas là mais les gens qui les remplacent la saluent et s'adressent à elle comme s'il s'agissait d'un jour tout à fait normal.
Un peu troublée, Loan a donc travaillé. Comme d'habitude, elle a passé des tubes appréciés des auditeurs. Du moins, elle l'espère : après tout, elle n'appartient pas à cette époque.
C'est donc après cette journée toute particulière qu'elle se rend au karaoké et que, face à la diversité et à la quantité faramineuse de titres, elle n'arrive pas à se décider. Elle jette un coup d’œil autour d'elle, comme si une intervention divine s'apprêtait à lui donner LA réponse.
Toute cette musique, cette époque dans sa globalité, ça lui parle comme si elle en avait fait partie. Elle se sent bien ici. C'est vivant. C'est coloré. En vérité, elle n'est pas née bien longtemps après les années quatre-vingts, alors sans doute a-t-elle connu cette période-là par le biais de ses parents. Mais pourquoi en a-t-elle un souvenir si précis, pourquoi ce sentiment si réconfortant, alors que les empreintes mentales de son enfance demeurent un secret que son esprit s'interdit de lui révéler ?
Pourquoi les années quatre-vingts précisément me direz-vous ? Eh bien parce que l'horloge de Weirdtown a tourné et qu'au lieu d'avancer comme l'aurait fait n'importe quelle horloge, elle a reculé jusqu'ici, jusqu'à cette fameuse époque d'expression et de créativité.
Le changement s'est fait sans transition aucune. L'instant d'avant, Loan et tous les autres se trouvaient dans le stade et découvraient avec stupeur les lots accordés aux gagnants des jeux. La seconde qui suivait, elle se trouvait au fond de son lit. Les posters de sa chambre étaient toujours aussi nombreux mais ils avaient été complètement remplacés. Abba, Star Wars, Les Gremlins... La décoration lui rappelait quelque chose de familier, quelque chose qu'il lui semblait avoir déjà vécu mais comme souvent, elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Dehors, Loan se rend compte que ce n'est pas seulement sa chambre qui a changé. Exit sa théorie de « quelqu'un est rentré chez elle et a décidé de donner un coup de neuf – ou de vieux, selon le point de vue – à sa décoration » : tout est différent. Les rues, les façades des maisons et même son vélo ! Il est devenu rose pâle et porte fièrement, à l'avant, un petit panier blanc dans lequel se trouve un klaxon, type gros pouet-pouet noir. Il a dû tomber pendant la nuit... Pendant les vingt ans qui séparent Loan de son époque originelle.
Naturellement, Loan s'est mise en quête d'un lieu familier, autre que sa maison. Un lieu dans lequel elle aurait droit à des réponses. Elle a d'abord songé à se rendre à la mairie mais après sa dernière entrevue avec Goosebump, elle s'est dit que ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Alors elle s'est déplacée jusqu'à la presse et la radio. Et, surprise : on l'a reconnue. Les personnes qu'elle côtoie habituellement ne sont pas là mais les gens qui les remplacent la saluent et s'adressent à elle comme s'il s'agissait d'un jour tout à fait normal.
Un peu troublée, Loan a donc travaillé. Comme d'habitude, elle a passé des tubes appréciés des auditeurs. Du moins, elle l'espère : après tout, elle n'appartient pas à cette époque.
C'est donc après cette journée toute particulière qu'elle se rend au karaoké et que, face à la diversité et à la quantité faramineuse de titres, elle n'arrive pas à se décider. Elle jette un coup d’œil autour d'elle, comme si une intervention divine s'apprêtait à lui donner LA réponse.